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    Haïti avant c’était…

    Un pays où l’on retrouve tous les paysages du monde. Passer de la montagne à la mer, de la chaleur à la fraîcheur. Tout est tellement surprend !

    D’un côté on se retrouve dans une mer d’huile des Caraïbes et en un claquement de doigts, on se retrouve dans les mornes (montagne) à se promener autour d’un étang d’altitude. Juste avant d’aller plongé dans un bassin d’eau douce.

     

    Un pays chargé d’histoire où l’on retrouve des monuments gigantesques perchés au fin fond des mornes, sur de grandes hauteurs. On peut y constater la force de ce peuple qui de lui-même a obtenu l’indépendance. Le premier peuple noir à avoir chassé les colons. Juste par conviction, par force et ambition. Les haïtiens en restent fier et sont marqués par cette grande victoire historique.

     

    Un pays où tout est possible, en terme de tourisme et de détente. Les haïtiens seront toujours là sur les bords des routes, en pleins mornes il surgira toujours quelqu’un venu de nulle part pour vous indiquer votre chemin et vous aider dans la découverte de ce pays. Le pic Macaya, le plus haut mont d’Haïti offre une vue magnifique. La forêt des pins, malheureusement la dernière du pays, en plein cœur du parc national de la visite permet de prendre un moment de frais lors d’une excursion en camping sauvage par exemple. Ou encore la randonnée pour rejoindre Jacmel, la traversée de la péninsule sud. Facile à faire en 2 jours.

     

    Parlons un peu de Port au Prince…

    (tiré du guide touristique local « Panorama »)

    Cela montre parfaitement l’ambiance qui règne dans cette capitale…

    La dynamique du désordre

    Pour un non-initié, Port-au-Prince est chaos. L’ordre est désordre ; la norme, informelle.

    Complexité et subtilité. Il faut la vivre pour la comprendre.

    Ville en ébullition, sa dynamique survie bouscule la règle, telle une poésie entorse à la grammaire.

    Elle grouille, elle fourmille, elle étouffe.

    Elle stresse, compresse, oppresse, forge le caractère.

    Ville passion. On l’aime, on la déteste. On ne reste jamais indifférent.

     

     

    Débrouille

    Chaque avenue, rue et corridor de la capitale grouille de monde en quête du pain quotidien. Tout est prétexte à échange contre monnaie. Et de cette débrouillardise naissent les petits métiers qui traduisent l’âme d’un peuple qui refuse de se laisser vaincre par la misère. Kapab pa soufri !

    On recycle, on récupère, la vie en remix… Marchands de toutes sortes, cireurs (chany), bos cordonniers, tailleurs ou ferrailleurs, brouettiers, kawotchoumann (réparateur de caoutchouc (pneu)), file kouto, faune du paysage urbain. Leurs cris et sons distinctifs rythment les rues achalandées, qu’ils sillonnent inlassablement à la recherche de la vie. Dans les rues de la ville, degage pa peche !

     

    Le bruit

    Ville bruit !

    Danse, cadence, impatience.

    Les décibels rythment la vie.

    Pollution par le bruit ou opéra humain ?

    Du bruit comme pour s’assurer qu’on existe.

    Klaxons, sirènes, moteurs, poids lourds, mégaphones, hauts parleurs, cris des marchands ambulants, témoignent d’une journée bien remplie.

    La nuit, les décibels tombent mais ne meurent jamais : tambours, vaccines, alléluias ! Chiens, chats, coqs, criquets…

    Du concert au disco, jamais dodo…

    On s’en plaint, on peste.

    Mais si le silence devait envahir la nuit, on s’en inquièterait.

     

    L’odeur

    La ville respire la vie et nous respirons la ville. Tantôt désagréables, tantôt enivrantes, les odeurs accrochent au passage.

    Odeurs de fatras, vapeurs d’égouts, fumées de toutes provenances, fumée noire de muffler de bogota. Fragrances jasmin de nuit ou d’ilang-ilang ; parfum de corossol, d’ananas, de mangue ; royaume des épices aux arômes de girofle, d’anis ou de cannelle ; effluve de pain « rale » frais de la boulangerie, pâté chaud, cuisine créole.

    Port-au-Prince est olfactive, aux plaisirs des sens. »

     

     

    Haïti après c’est…

    Une ville méconnaissable, avec un peuple qui est de plus en plus fort ! Cette force de vivre et de reconstruire leur pays est un exemple pour nous tous !

    Malgré le désarroi, la peur, le traumatisme, les pertes, les haïtiens restent forts et sont omniprésent chaque jour pour changer leur quotidien et faire d’Haïti un pays comme il se doit !

    Ils ont été les premiers à s’entraider, se débrouiller. Une solidarité sans précédent. Les secouristes d’Haïti sont les haïtiens !!

     

    Aujourd’hui Port au Prince a perdu son ambiance, mais pas son âme.

    Aujourd’hui Port au Prince a perdu des Hommes mais pas sa force.

    Aujourd’hui Port au Prince a perdu ces monuments mais pas sa raison.

     

    L'atmosphère vacille entre cris, larmes et rires. Cinquante secondes qui sont venus faire basculer leur avenir. On entend ici et là des messes, des chants, des discours.

    La vie reprend le dessus. Les marchandes ont repris possession des lieux, les « boss » ont repris leurs activités, les haïtiens réapprennent à vivre avec un nouveau défi. Je suis étonnée tous les jours par les initiatives des franges les plus pauvres de la population. Je croise de moins en moins de regards perdus ou hagards. Les enfants font à nouveau tournoyer leurs cerfs volants faits de quelques bouts de bâtons et de plastic dans le ciel.

     

    La vie reprend et Haïti revis…

     

    Vincent Dalonneau

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    ON COMMENCE LA VIE EN APPRENANT DES PROBLEMES POUR ENSUITE LES VIVRES…<o:p></o:p>

    (Gad Elmaleh)<o:p></o:p>

    Mars 2010<o:p></o:p>

    Nous sommes en mars 2010, nous prenons la route, mon acolyte et moi pour une visite de terrain du grand sud. Tout se déroule au mieux. De ville en ville, de réunion en réunion, nous parcourons les routes d’Haïti. Pour terminer à Port Salut, une petite bourgade du sud très sympathique où nous trouvons refuge dans un hôtel à deux pas de la mer. L’endroit idéale pour se reposer et souffler, le temps d’une nuit. Ce périple durera 3 jours…<o:p></o:p>

    Au retour, nous décidons d’acheter des mâts, qui serviront à y mettre les drapeaux. Après une installation archaïque sur le toit de la voiture,  nous revoilà parti. <o:p></o:p>

    Arrivée à PAP des blocus, toujours des blocus. Je décide donc de passer par le bas de la ville. Zone à risque dit-on… On fera vite…<o:p></o:p>

    Mais plus loin, un nouveau blocus… On passe devant une scène qui vient juste de se produire, un règlement de compte. 3 personnes sur le carreau, tués par balle. La scène est flippante. Les flics sont là, armes aux poings, tout s’accélère, l’ambiance est lourde. On passe rapidement avant qu’il nous arrive des bricoles. Le sang monte, mais ce n’est pas le moment de perdre ces moyens. Pas envie de me prendre une balle perdue… Un coup de première pour dégager de ce climat tendu. Mes mains tremblent, le cœur bat à 100 à l’heure…<o:p></o:p>

    Toute cette précipitation pour se retrouver dans un blocus énorme. Au point mort, je guette de partout. Le climat ne me donne aucune confiance. Toujours avec nos perches sur le toit…<o:p></o:p>

    Détails important puisqu’un hummer, les 4x4 des GI américains, tentent de nous doubler en diagonale. Ces abrutis ont oublié qu’ils avaient de grandes antennes. Ils emportent avec eux les perches et les barres du toit de la voiture. Je sors de la bagnole furax, je leur aboie dessus avec mon anglais pitoyable. Mais je m’en fout !!! Pour qui ils se prennent ces amérlocs !!!! Enervé, tout rouge, je continue à les engueuler, pendant qu’Etienne ramasse les morceaux…<o:p></o:p>

    On rentre au camp, fatigué, avec la nuit tombante.<o:p></o:p>

    Je reprends l’écriture après un long moment… <o:p></o:p>

    Un long moment parce qu’un week end en amoureux… au môle saint Nicolas, sur la pointe nord ouest de l’île. Après 14hr de route, le passage d’une rivière à gué, quelques petites frayeur d’enlisement de nuit dans la boue, un chemin pas tracé, alors obligé de rouler sur le lit d’une rivière, toujours de nuit. Bref, nous n’y croyons plus… Mais nous arrivons à 9hr du soir…<o:p></o:p>

    Un bref week end, mais tellement ressourçant, ne pas penser au travail, sortir de ce terrain qui sert de lit et de bureau. Un week end au bord de la mer, tout simplement… Court mais intense ! Et le retour fut de même, plus court mais intense…<o:p></o:p>

    Angéline redescend avec moi à PAP pour accueillir sa mission de France. Pendant que moi j’accueil également ma mission et nos 9 volontaires civiques… Encore une idée complètement farfelu de notre cher président (l’absence de majuscule est voulu…).

    La mission des SGDF. Ils arrivent avec leurs grands sabots… Et avant cette arrivée, des reproches suite à un mail envoyé par un responsable Haïtien, qui depuis le séisme (je ne sais pas pourquoi, ça fait 1 an ½ que je ne l’entends pas… Oui, le séisme fait ressortir le pire des hommes !!!) m’a pris en grippe et ne cesse de me mettre les bâton dans les roues…<o:p></o:p>

    Apparemment son mail était assassin !!! Je l’ai encore en travers de la gorge. Et la franchise de mon cher boss en France fait que je ne suis pas au courant de tous les éléments… Mais je sais de source d’ami, qu’il a été vraiment fort dans ces propos. Et voilà que les reproches de mon boss me tombent sur la gueule… ça va faire 2 ans que je suis là et à aucun moment il ne s’est intéressé à ma mission, qu’il ne sait pas comment je travaille… Bref… ça m’a juste énervé quelques jours ! Mais quelques jours de trop !<o:p></o:p>

    Leur arrivée (mon boss et une autre personnel, spécialiste de montage de projet) arrivent donc… Et à aucun moment, ils m’ont inclus dans l’approche de montage de projet. J’ai du faire valoir mes compétences dans ce domaine pour qu’enfin, je sois « l’assistant », soit mettre punaiser des papiers sur un tableau. Légèrement vexant…<o:p></o:p>

    Alors je décroche, j’arrête et je les laisse faire. <o:p></o:p>

    Conclusion, tous les réels problèmes que nous avons vis-à-vis de notre positionnement en tant que volontaires n’ont pas été résolus, du fait de la grande gueule de mon boss et de son amitié avec mon « ennemi »… Merci !!!<o:p></o:p>

    Idem, j’essaie d’entamer une discussion constructive concernant le prochain volontaire (qui au passage a déjà passé 3 semaines ici). L’objectif : voir ces forces et faiblesses et mettre en place un accompagnement et une méthode adapter. Conclusion, quand j’aborde ces faiblesses. La seule réponse que j’ai, c’est « mais toi aussi tu as des défauts, toi aussi parfois tu n’écoutes pas et tu es fonceurs ». Voilà… Comment avoir une discussion constructive. Je sais que j’ai des défauts, mais je ne parle pas de ça. <o:p></o:p>

    Tous ces éléments me font tourner la tête et m’éloigne de plus en plus de mon travail, de ma raison d’être ici, des projets en cours. Je suis démoralisé, plus du tout motivé. Je me retrouve d’un coup éliminé, mis sur la touche. Aucune considération, aucune implication. Merci ! ça fait plaisir après avoir passé 2 ans à travailler dure…<o:p></o:p>

    Bref, des conflits d’intérêt personnel et collectif. Le traumatisme du séisme ? l’appât de l’argent ? Je n’en sais rien, mais la situation est extrêmement compliqué, voir ingérable… Alors je m’occupe, je me repose…<o:p></o:p>

    Entre temps, je travaille sur les activités des volontaires civiques et je soutien Etienne, l’autre volontaire des scouts, dans l’organisation du déplacement de 2 camps de déplacés. Sinon, je meuble mes journées en commençant à travailler de loin sur le gros plan d’action des scouts pour les 5 prochaines années. Beaucoup de travail très intéressant, mais sous peu je devrais décroché tout ça pour m’occuper exclusivement de toutes les activités entamés avant le séisme. <o:p></o:p>

    Pour la suite, du fait de tout ces « tracas », j’ai annoncé officiellement que je ne renouvellerais pas mon contrat pour 1 ou 2 mois. Donc la fin de mon contrat est le 20 mai. Angéline terminant le 30, elle va prendra une semaine de vacances et nous partons faire une rando. Toute la pointe sud ouest. Ça promet d’être vraiment sympa !!<o:p></o:p>

    Et un autre projet (oui, on se raccroche à ça, du fait que tout ne se passe pas bien dans nos missions respectifs), on part le 3 juin pour la Bolivie et retour le 15 juillet par le Pérou.<o:p></o:p>

    Quand à la suite… Après avoir tous les 2 postulés pour une annonce aux Philippines, où 5 postes s’ouvrent, nous avons reçu une réponse favorable. Il faut que nous envoyons une lettre de positionnement pour un poste, la suite de la procédure sera un entretien par skype. Et si tout se passe bien départ fin août/septembre.<o:p></o:p>

    Affaire à suivre…<o:p></o:p>

    Et si on a rien, les projets fusent !!!

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    Haïti en marche…<o:p></o:p>

    Novembre 2009<o:p></o:p>

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    Ne vous détrompez pas !! Ce titre ne veut pas dire qu’Haïti fonctionne, mais… qu’il est possible de découvrir ce magnifique pays par la marche.<o:p></o:p>

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    Souvent trop bercé par le bruit des machines (traduit : voitures), la pollution de ces chers pots d’échappement, la frénésie de la vie en capitale, la chaleur constante et irrespirable, les bruits de la ville qui montre qu’elle continue à vivre… Les blancs (traduit : étrangers) sont dans l’obligation de s’évader, prendre le grand air, profiter de ce que peut nous offrir ce pays, ne serait-ce qu’un week end…<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Alors, après un long moment d’absence de bon temps, nous avons décidé d’entreprendre LA marche que tous (ou presque) les blancs ont entrepris ici. A savoir, Port-au-Prince – Furcy – Seguin – Marigot – Jacmel.<o:p></o:p>

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    Après une longue soirée légèrement alcoolisée dans la semaine, avec mes amis randonneurs, nous avons terminé l’organisation de ce périple…<o:p></o:p>

    Départ samedi matin 5hr… <o:p></o:p>

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    5hr… enfin à l’heure haïtienne… Philippe nous a rejoins dans notre charmante maison, pour un changement de voiture. Et puis direction le bas de la ville pour aller chercher le mécano des scouts, zocolé. (Zocolé étant son surnom… Pour la petite histoire… Il vient du fin fond des mornes dans le nord du pays. Et quand à 18 ans, il est arrivé à Port au Prince, ce jeune homme était d’une maigreur sans précédent… D’ou son surnom zo colé ak po (traduit : les os sont collés à la peau). Pas mal non ?!?!).<o:p></o:p>

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    On entame donc tous les 4, Philippe, Anne Sophie (ma colocataire), Zocolé et moi, la route pour monter dans les mornes. Dès bon matin, on arrive à 7hr à Furcy, après le passage d’une longue route chaotique. Zocolé repars avec la voiture, on arme nos sacs sur le dos et la rando commence…<o:p></o:p>

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    Nous partons, avec des décors à couper le souffle, tout est grandiose, avec ces mornes qui se chevauchent, ces cultures à même les parois pentues, ces petits espaces de verts malgré l’absence d’arbres. L’odeur est parfumé de pin et d’eucalyptus, avec une légère humidité propre à la fraîcheur des mornes. Tout ici respire la tranquillité et la sérénité…<o:p></o:p>

    Les haïtiens regardent interloqués ces blancs en train de se préparer. <o:p></o:p>

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    Encore frais et pas trop fatigué, les discussions fusent. Nous sommes tous complètement excités à l’idée de faire cette rando, de voir du vert et respirer le grand air !!<o:p></o:p>

    Nous commençons à arpenter les mornes, ces petits chemins sur les crêtes, ces courts arrêts pour profiter de ces montagnes grandioses, à perte de vue. L’instant est magique. Le silence est omniprésent. Même la chaleur du levé du jour est agréable pendant que le vent nous caresse gentiment.<o:p></o:p>

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    Il est encore tôt et la chaleur se fait discrète… Et la marche continue. Un haïtien, faisant le même trajet que nous, c’est plus ou moins auto-proclamé guide. Il nous suit et entame une longue discussion avec Anne-Sophie. Pendant que « les mecs » refont le monde à leur façon. Simple et réfléchi (un peu vantard, non ???).<o:p></o:p>

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    De courtes pauses parsèment notre parcours. Juste le temps d’admirer la profondeur du paysage. Ces mornes immenses à perte de vue, qui nous offre un spectacle impressionnant. Les arbres peuvent se compter à l’œil nu, les champs font penser aux cultures asiatiques, mais les passants haïtiens nous rappèlent à chaque instant où nous sommes…<o:p></o:p>

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    Le chemin monte, descend, remonte puis redescend, nous marchons à notre rythme. Suivre ces haïtiens seraient un véritable suicide. Les mornes sont leurs terrains de prédilection. De vrais chamois. Armé d’une simple paire de claquette, les mollets tendus, avec des charges impressionnantes sur leurs têtes, ils nous dépassent tout en sourire, avec un « bonjou » en terme de reconnaissance. Et nous les voyons au loin arpenter ces pentes, et continuer leurs chemins…<o:p></o:p>

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    La vie est partout dans ce pays, les habitants se contentent quotidiennement d’acheminer leur maigre pitance vers la ville où les petits endroits de marché qui se créer sur la ballade. Les paroles de ces femmes se perdent dans la grandeur des montagnes. Tantôt du bruit, agréable, étouffé. Tantôt un silence de plomb. <o:p></o:p>

    L’impression d’être seul, mais nous ne le sommes jamais…<o:p></o:p>

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    Après quelques heures de marche. Un impression que l’heure avance, en faite, non… Le levé aux aurores fait qu’il nous ait difficile d’imaginer quelle heure il est. On décide alors de s’accorder une courte pause. Assis, sur le bord du chemin. Les pieds presque dans le vide, on contemple, on profite, on discute. Avant de se faire alpaguer par une tripoter d’Haïtiennes… Dans mes mœurs. Les blancs sont là, alors les haïtiens s’agglutinent. Pour voir ces étranges personnages, d’une couleurs presque inconnu, parlant un langage incompréhensible… Bizarre ces êtres humains ???

    Une courte explication, aider par un vieux haïtien, pour leur faire comprendre que l’on recherche simplement du calme et que NON !! On a ni argent ni nourriture !!!<o:p></o:p>

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    L’ambiance est sereine dans ces mornes, les gens sont souriants et malgré leur envie de grappiller quelques choses de nos jolis sac à dos, ils sont des plus agréables.<o:p></o:p>

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    Et le chemin continue, seul cette fois-ci, nous avons gentiment éjecter notre « pseudo » guide… Au loin, on peut apercevoir tout le chemin qu’il nous reste à parcourir. Pas simple… <o:p></o:p>

    Alors on s’accroche, on continue, on sut… La dernière côte fut fatale, après presque 5hr de marche, celle-ci nous a coupé les pattes !!<o:p></o:p>

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    De temps à autre, je m’écarte de mes amis randonneurs. Juste l’envie de me défouler un bon coup, une envie de surpassement. Mais aussi une envie d’être seul, de me perdre dans mes pensées, de penser à rien. Juste marcher, regarder, profiter…<o:p></o:p>

    Je ne fais qu’un seul constat de  ces moments… Qu’est ce que je me sens bien ici, dans ce pays, avec toutes ces facettes, quelles soient bonnes ou mauvaises. Un pays hors du commun, impressionnant par sa diversité !!<o:p></o:p>

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    Arrivé en haut du col, la brume, la fraîcheur, un changement de climat radical. Impressionnant. Et pourtant, comme à l’accoutumé, la vie continue même ici, dans cette endroit reculé. Un marché improvisé s’est implanté là. Sûrement pour offrir aux marcheurs de quoi se restaurer ou se rafraîchir… Et puis, en haut, la délivrance. Une grosse bouffée de vert, le parc de la visite. Seul parc protégé d’Haïti, avec son immense forêt de pins. Sûrement la dernière…<o:p></o:p>

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    On continue notre route, sur un sentier plat, très agréable bordé de champs et de pins. Tout est calme. Les gens se font de plus en plus rare.<o:p></o:p>

    Quand vient la faim… Impossible de s’arrêter sur le bord de la route. On risquerait d’appâter divers charognards (excusez moi pour ce terme…) qui ne seraient parti qu’en échange de quelques choses à se mettre sous la dent.<o:p></o:p>

    Motivé, on entre, hors chemin, dans cette forêt. Juste pour trouver un endroit propice à un bon repas au calme, au vert…<o:p></o:p>

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    La pause fut longue et bien mérité !! Allongé dans les épines de pins, on s’englouti un bon p’tit pique nique. Chaque bruit sur la route, nous fait baisser le ton de nos voix. L’astuce est simple, ne pas se faire repérer pour continuer cet agréable moment…<o:p></o:p>

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    Et c’est reparti !! Les jambes commencent à crier « au secours !!! », envie d’arriver à Seguin malgré ce paysage vraiment agréable et hors du commun où le pays ne compte que 2% d’arbres !! <o:p></o:p>

    On y voit des fleurs, l’air est pure, les passants sont rares, le vert est là. Et la marche est tout simplement un vrai moment de calme…<o:p></o:p>

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    Une légère installation d’eau potable nous fait dire que nous arrivons.<o:p></o:p>

    En effet, quelques mètre plus loin, de nombreuses maisons sont parsemées dans cette plaines rocheuses. On se croirait dans l’arrière pays de la provence. Le village est complètement explosé.<o:p></o:p>

    On demande notre chemin… C’est là, juste à droite. La ferme de Winnie. Ne vous détrompez pas, il n’y a pas d’ours en Haïti…<o:p></o:p>

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    La ferme accueil les marcheurs, pour la plupart blancs… On peut y dormir soit sous tente, soit en chambre. On choisit l’option la moins onéreuse… Et nous voilà avec une tente chacun, les employés s’activent pour les équiper de gros matelas et de duvet bien rembourrés !! Oui l’humidité et la fraîcheur est de mise dans les mornes !!!<o:p></o:p>

    Et puis, on est tout de même accueilli par un (autre ?!?!) repas !! C’est pas de refus…<o:p></o:p>

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    On passe donc le reste de l’après midi, d’une part à soulager nos guiboles et d’autre part à continuer, finir, recommencer, commencer de nombreuses discussions… La nuit tombe, la bougie allumé, on continue… <o:p></o:p>

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    Le repas, une soupe chaude, un vrai régal… Et nous repartons autour de notre table, à la fraîche, avec un verre de rhum pour nous tenir chaud…<o:p></o:p>

    On ne fait pas de folie, et à 9hr, on est au lit… Confortable. Frais mais très confort !!<o:p></o:p>

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    Levé 6h30 ! Tous trop bien dormi et « bien » reposé. Un p’tit dèj’. On laisse nos sacs, pour une pré-ballade d’échauffement, histoire d’aller voir LA cascade de Seguin. Cascade que l’on aura pas vu…<o:p></o:p>

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    Les sacs sur le dos, on reprend notre route !! Bon pas facile de trouver la route qui nous fera descendre de l’autre côté de cette péninsule, puisque de nombreux petits sentiers se croisent et se décroisent au fur et à mesure que nos pas arpentent ceux-ci…<o:p></o:p>

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    Une fois arrivée, tout va bien, il n’y a plus qu’à descendre tout droit !!!<o:p></o:p>

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    La descente fut des plus horrible !!!! Le chemin, ça va. L’ambiance, ça va. La fatigue, ça va. Mais par contre, les haïtiens croisés sur le chemin : horrible.<o:p></o:p>

    ”Bay mwen yon ti kob !”<o:p></o:p>

    Alors nous chantions, sur l'air de la compagnie créole... « Bay mwen yon ti bo, de ti bo, twoa ti bo, doudou...”<o:p></o:p>

    “Bay mwen yon bagay !”<o:p></o:p>

    “ Eh blan !!! Ou pa bay anyen??? »<o:p></o:p>

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    Bref, plus de 7hr de sollicitation constante !!!! Et un ras-le-bol général !!!<o:p></o:p>

    Alors je tiens déjà à m’excuser auprès de tous les haïtiens qui ont du subir mon caractère de merde. Et je tiens à leurs dire aussi : « Arrêtezzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzz !!!! ça nous saoul !!!! »<o:p></o:p>

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    Les dernier moment ont été durs !!! La route ne se terminait pas. On voyait au loin notre point de chute, mais ce décor ne se rapprochait pas… Un problème ?? Non, seulement la route en zig-zag faussait tout l’espace entre nous et la mer…<o:p></o:p>

    Alors on a pris notre mal en patience et continué cette interminable descente…<o:p></o:p>

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    Voir taille réelle

    Je n’avais qu’un but, un défi… Celui d’arriver à Marigot. Pas s’arrêter avant, ne pas laisser tomber. Même si l’envie m’a traversé l’esprit à plusieurs reprises. Non, je voulais simplement arrivé au bout et faire TOUTE la rando !!<o:p></o:p>

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    Nous arrivons, des villages se dessinent, la route est moins incliné, la population commence à se faire voir et l’odeur de la mer approche…<o:p></o:p>

    Anne Sophie m’indique un panneau « Caisse de Crédit de Marigot »<o:p></o:p>

    Ça y est !!! Nous y sommes !!! On peut donc prendre un tap-tap pour rejoindre Cayes-Jacmel.<o:p></o:p>

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    Dans ce gros camion, serré entre les haïtiens, la tête dehors, je repense à cette rando, à ce bref moment de liberté, en regardant la mer que nous longeons. Et la satisfaction d’avoir atteint mon p’tit défi perso…<o:p></o:p>

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    Arrivé à Cayes Jacmel, il nous reste qu’une étape… LA côte fatale pour monter à la maison qu’un ami nous a prêté…<o:p></o:p>

    Il est 17hr et le jour commence à se couché.<o:p></o:p>

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    Ce n’est pas sans mal que nous avons gravit ce petit morne. Les jambes tirent, les mollets se contractent, les chevilles sont en mousses. Bref, la fatigue nous rattrape…<o:p></o:p>

    Mais nous voilà sur cette magnifique terrasse, armé d’une bière bien fraîche, assis sur des dodines. Juste se laisser bercé et savourer cette rando (tout autant que la bière…).<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    La soirée fut bien sympathique, avec un p’tit poisson gros sel préparé par Mari thé !! Trop de bonheur !!<o:p></o:p>

    On a pas trop traîné… Quoique, laissé emporter par de longues discussions, quelques bières et quelques flasque de rhum, l’appel du lit s’est fait entendre…<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Le matin, comme à l’accoutumé dans cette maison, un véritable bonheur !!! Le p’tit dèj, café, jus frais, pain chaud, face à la mer qui s’étend de gauche à droite. Tout simplement trop bon !!!<o:p></o:p>

    Après une brève préparation, nous revoilà reparti. Mais pour voir la mer cette fois-ci. Nos corps crient encore de la veille. Les pas se font dans la douleur, les muscles ne suivent plus… Après tout, on a tout notre temps…<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    On est lundi, dans la mer et on ne peut s’empêcher de penser à nos amis, à nos collègues qui ont repris, ce matin, le chemin du travail. Pendant que nous profitons agréablement d’une matinée soleil/mer/plage.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    La suite est simple… Zocolé devait venir nous chercher. Mais à pris un gros retard. Alors on se décide de commander notre repas. Ce sera poisson et lambi…<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Zocolé arrivera durant le repas (mais oui, nous avions pensé à lui commander une belle assiette). Et nous revoilà partit en direction de PAP…<o:p></o:p>

    Bye, Bye Jacmel et à moi la route de l’amitié !!!<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Petite anecdote… Sur la route, nous voulions des ti malice (toute petite banane), des chadecs et des avocats. C’est tellement moins cher en province…<o:p></o:p>

    Et la négociation avec Zocolé a été un vrai moment de plaisir. Même haïtien, il est pire qu’un rat avec ces propres frères. Quand une dame est arrivée, ti malice à la main pour proposer son prix :<o:p></o:p>

    -         200 gourdes, dit-elle<o:p></o:p>

    -         Et Zocolé réponds : bouch la ki pa tranblé ???<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Et encore une expression, comme je les aimes « bouch la ki pa tranblé » !!! Génial !!! Cela veut simplement dire « T’as pas la bouche qui tremble ? » Sous entendu : t’as pas honte de me dire un prix pareil !!!<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Amis lecteurs, à bientôt !!<o:p></o:p>

    <o:p> 
    </o:p>

     

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  • Haïti… un pays pas comme les autres…<o:p></o:p>

    <o:p> Septembre 2009
    </o:p>
    <o:p></o:p>

    En Haïti…<o:p></o:p>

    En Haïti, quand les pompiers interviennent, ils oublient de recharger leurs camion en eau avant d’aller sur le lieu de l’intervention.<o:p></o:p>

    En Haïti, lorsqu’il y a un blocus (embouteillage), c’est qu’il y a forcément un policier caché qui fait la circulation.<o:p></o:p>

    En Haïti, quand une voiture tombe en panne, on la laisse au milieu de la route.<o:p></o:p>

    En Haïti, on perce les tuyaux sous l’asphalte pour disposer d’eau.<o:p></o:p>

    En Haïti, la population a peur de la pluie.<o:p></o:p>

    En Haïti, on parle en dollars haïtien, alors que cette monnaie n’existe pas. Et pourtant, il existe un taux de change !!! 1$ht pour 5 gourdes.<o:p></o:p>

    En Haïti, les tap-tap (transport collectif local) et les taxis sont autorisés à faire n’importe quoi sur la route. Ce sont les « rois »<o:p></o:p>

    En Haïti, la nuit, tout le monde roule en plein phare. Et tant pis pour les autres !!<o:p></o:p>

    En Haïti, on construit des centrales électriques de 8 génératrices. Mais quand on en branche qu’une seule, on fait sauter tout le réseau électrique d’une ville…<o:p></o:p>

    En Haïti, personne ne reste le matériel qui n’est pas le sien. Et encore…<o:p></o:p>

    En Haïti, il n’y a pas de négociation possible, tout le monde veut gagner. Il n’y a pas de perdant.<o:p></o:p>

    En Haïti, la Minustah (les casques bleus : ici normalement pour la paix) sont renvoyés dans leur pays pour viol sur mineur et proxénétisme…<o:p></o:p>

    En Haïti, lorsqu’un véhicule est bloqué par un autre, qui est en train de discuter avec un ami au milieu de la route, le chauffeur, sort son arme pour tirer en l’air. Sûrement un problème de klaxon qui ne marche pas…<o:p></o:p>

    En Haïti, la logique est inexistante.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Mais Haïti, on l’aime pour ça !!!!<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    NOTA : toutes ces informations sont issues d’expériences vécues !!!<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    A défaut,<o:p></o:p>

    En Haïti, on y retrouve tous les paysages du monde,<o:p></o:p>

    En Haïti, il y aura toujours un haïtien pour vous aider si vous êtes en galère,<o:p></o:p>

    En Haïti, Il y a surement les plus belles plages du monde,<o:p></o:p>

    En Haïti, on peut faire de la randonnée, de la baignade (étang, mer, cascade, au choix !!), de la plongée, de la pêche à l'espadon. Mais aussi dormir à la belle étoile sur une plage.<o:p></o:p>

    En Haïti, on peut faire du camping sauvage dans la seule forêt qui reste.<o:p></o:p>

    En Haïti, le chaleur humaine existe réellement.<o:p></o:p>

    En Haïti, il y a de quoi s'amuser et passer d'excellente mabiance.<o:p></o:p>

    En Haïti, les bars regorgent de bière locale (La famuese "Prestige") et la musique est toujours là !!<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Chofè ! (chauffeur)<o:p></o:p>

    A Port-au-Prince, on ne conduit pas, on « chauffe ». Réflexes, concentration et une parfaite condition physique sont nécessaire pour s’attaquer au bitume. Sans oublier les règles élémentaires de la conduite en locale…<o:p></o:p>

    Explication en 5 points (tiré du guide touristique local « Panorama »)<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Vous êtes un bon conducteur, mais êtes vous un bon chofè ?<o:p></o:p>

    1.   Les trottoirs sont fait pour le petit commerce. La chaussée par conséquent est faite pour les piétons ; accessoirement, elle sert aussi aux voitures.<o:p></o:p>

    2.   Le principe selon lequel l’usage du klaxon soit à éviter le plus possible, est complètement farfelu. Etre radin en coups de klaxon est aussi impoli qu’imprudent.<o:p></o:p>

    3.   L’espace à Port-au-Prince est compté, le gaspiller serait inconvenant. Là où deux voitures peuvent se glisser, il doit sûrement y avoir moyen d’en mettre une troisième.<o:p></o:p>

    4.   Celui qui est le plus pressé a la priorité. Si deux pressés se rencontrent, le plus gros pare-choc gagne la priorité.<o:p></o:p>

    5.   Conduire est une affaire de diplomatie. Sachez quand patienter et quand « mettre son nez dans le trafic ». Au sens propre…<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>


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  • GONAÏVES, UNE VILLE DE DESOLATION…<o:p></o:p>

    <o:p>     Novembre 2008
    </o:p>
    <o:p></o:p>

    Le mardi soir, c’est dur… il se dit qu’il doit partir très tôt le lendemain. Il se dit qu’il ne verra pas son amoureuse avant demain. Première nuit passée loin l’un de l’autre depuis qu’ils sont sur ces terres.<o:p></o:p>

    Et puis il stresse, du trajet en tap-tap, de ce qui l’attend là-bas. Plusieurs fois il s’est déjà rendu aux Gonaïves. Avant et après les cyclones. Mais pour lui, ça lui paraît étrange cette fois-ci.<o:p></o:p>

    Il est tard, les heures passent et une multitude de choses lui passe par la tête… avant de s’endormir…<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Le matin, il est 4h et son réveil sonne. Dehors, il fait encore nuit. Le simple fait de sortir du lit l’agace, le fatigue davantage. Mais il est obligé. Son travail l’oblige.<o:p></o:p>

    Alors il déjeune. Comme à son habitude, dans sa cuisine entourée d’arbres. Seul le bruit de l’eau qui coule dans la ravine et le chant de quelques oiseaux vient fendre ce silence matinal.<o:p></o:p>

    La préparation est longue tant la fatigue est présente. Mais il y arrive. Avant de partir, il vivra le bonheur de voir son amoureuse qui s’est levé pour lui dire au revoir. Il est heureux et ferme la porte avec le sourire qu’elle mérite.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Devant la maison, comme prévu, on l’attend. Ernest, sa casquette sur la tête et son taxi – en fin de vie – rouge. Pas besoin de parler. A part un simple « bonjour » de politesse. Il sait où nous allons.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Sur la route, le jour se lève doucement et Port-au-Prince se réveille précipitamment. Il est 5h30. Il adore ce moment. Moment qu’il a vécu de nombreuses fois. Peut-être parce que c’est l’unique moment où cette ville est calme. On ne sait pas, on ne le saura jamais pourquoi il aime cet instant. Ce qui est sûr, c’est qu’il contemple cette ville, ces habitants sont aussi réveillés que lui. Les marchandes avec leurs paniers en osier sur la tête se dirigeant d’un pas énergique vers leur endroit habituel, où elles passeront leur journée. Les hommes d’affaires qui, d’un pas décidé, continuent à suivre les informations sur leur petit transistor. Les écoliers qui commencent à partir à l’école vêtus de leur uniforme proprement repassé. Et les vagabonds qui sont toujours là, le matin, la journée, la nuit, à errer sans aucun but et dans une nonchalance déroutante.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Ils arrivent à Cité Soleil, un bidonville où la sécurité n’existe pas. Mais c’est ici que se trouve la Gare du Nord. Il fait déjà jour et le marché improvisé à cette station bat déjà son plein, certaines marchandes finissent tranquillement de préparer leurs étalages dans une excellente ambiance.<o:p></o:p>

    Ernest s’arrête. Il paye puis se dirige vers un tap-tap pour Gonaïves. Mais il ne veut pas monter tout de suite à bord. Il sait que l’attente peut être longue, très longue. Alors il reste devant et s’allume une « Comme Il Faut – à bout filtrant ». Il fume calmement en contemplant la vie frénétique qui l’entoure. En suivant des gens du regards, en fixant des vendeurs comme pour analyser leur façon d’être, leur façon de faire. Ça l’amuse. Il se surprend parfois lui-même à avoir le sourire devant une scène de la vie de tous les jours qui pourrait paraître banale. Mais pas pour lui.<o:p></o:p>

    Alors il continue à fumer, en se disant comme souvent, que ces cigarettes sont vraiment dégueulasses. Mais il la terminera comme les autres…<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    A peine engagé dans le tap-tap qu’une dame lui « ordonne » d’une façon tout à fait gentil, de s’asseoir à ces côtés. Chose qu’il fait sans hésiter. Il est même plutôt satisfait. Les places ne sont tellement pas évidentes à avoir. Et quand bien même on en trouve une, il faut entamer un long parcours du combattant pour atteindre son objectif, sous les yeux des haïtiens qui n’attendent qu’une chose : qu’il se passe quelque chose.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Alors il s’assoit en remerciant cette dame avec un sourire qui exprime une grande satisfaction. Celle d’avoir la meilleure place. Juste devant, de quoi étaler ses jambes. Il est content, le trajet commence bien.<o:p></o:p>

    L’attente ne sera pas longue. 30 minutes. Temps durant lequel une quantité impressionnante se succèderont à l’avant du bus pour vendre leurs trésors. Il y en a pour tous les goûts : ceintures, cartes de rechange, biscuits, médicaments, pains, …<o:p></o:p>

    Sans oublier les vendeurs les plus déterminés qui, à l’extérieur, debout sur leur caddie ou autres, tendent les bras dans le bus en criant à tue-tête le panel de leur fond de commerce. En général ceux qui font ça vendent de la boisson fraîche. Et puis, il y a toujours LE vendeur magique. Celui qui, pendant de nombreuses minutes, crie pour vanter les bienfaits de ces crèmes et de ces médicaments. A l’écouter une crème peut absolument tout soigner. Des dents à l’estomac en passant tout de même par des contusions. Il dirait n’importe quoi pourvu qu’il vende un tube !<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Il attend patiemment dans ce vacarme qui ne le dérange pas. Au contraire, ça lui paraît presque agréable et ces brèves apparitions des vendeurs le font sourire. Et le long silence de certains, les bras en l’air présentant leur maigre marchandise, le fait compatir.<o:p></o:p>

    Le chauffeur entre, un haïtien d’une taille impressionnante vêtu d’un tee shirt kaki et d’un bandana d’ou sort une tête au regard furieux, à faire frissonner de peur. Les marchands, en le voyant, quitte le bus sans un mot, en se faisant petit. Le bus démarre, commence quelques manœuvres avant de s’élancer à grande vitesse sur la route nationale 1.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Il est dans un de ces longs bus de ramassage scolaire américain. Joliment décoré de bleu et de blanc. Chaque bus porte un nom. Celui-ci se nomme « Dieu est Grand ». A l’intérieur plus grand chose ne fonctionne. On peut tout de même lire les consignes (en anglais) pour les écoliers. Le simple fait de comparer cet écriteau avec la réalité que vit actuellement ce bus, le fait bien rire !<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Il plonge dans ses pensées, en regardant les paysages qui défilent. Il pense au moment présent, à sa mission dans cette ville détruite, à ce trajet qui ne fait que commencer. Quelques coups d’œil sur les côtés lui montre l’oisiveté des gens. Alors il pense à ce peuple, à leur capacité à accumuler les pires choses de la vie, les pires conditions, tout en restant extrêmement passif.<o:p></o:p>

    L’entassement dans le bus est impressionnant et il est étonné de voir le regard de ces passagers, vide, sans espoir, à une fois de plus endurer un long trajet dans ces conditions.<o:p></o:p>

    C’est sûrement le surpeuplement du bus qui porte au silence. De supporter cette épreuve sans dire un mot, sans se plaindre. Il y a 3 personnes sur des bancs de 2, ainsi que des passagers debout dans le couloir. La chaleur est forte. Il est 6h30 et le soleil nous montre déjà sa force.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Il est heureux car il est près de la fenêtre et peut aisément profiter d’un filet d’air de temps à autre. Mais il est moins heureux car sa place, qu’il pensait idyllique, s’avère être un enfer. Il ne savait pas que l’on pouvait mettre autant de personne à l’avant d’un bus : ils sont 4 assis et 4 debout. Ce qui rend impossible n’importe quel mouvement de jambe vers l’avant. Il est donc prêt à ne plus sentir ses jambes, engourdies, à un moment du trajet. Mais il ne se doutait pas que cet instant viendrait aussi rapidement.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    « Dieu est Grand » montre sa forme, nous sommes déjà à Cabaret. Une petite ville proche de la capitale mais plus encore de la mer. Autour de cette impressionnante ligne droite dans les arbres que nous franchissons à toute allure, ce n’est que vie. Des marchés, des étales, des groupes de jeunes qui attendent que la journée se termine, des enfants qui jouent, des vélos zigzagant sur le bas côté, des tap-tap qui s’arrêtent pour repartir aussitôt, des petits maisons de tôles qui servent de bars où la musique qui en sort est encore plus forte que le bruit du moteur. C’est pour dire !<o:p></o:p>

    Mais, ces gros bus sont dotés d’un klaxon à toute épreuve. Une simple pression ferait sursauter n’importe qui, n’importe quoi. Et dans ces passages où les dangers peuvent venir de partout, le klaxon y est actionné tout le long.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    La route continue et ses pensées s’accentuent. Il part loin, très loin avant de s’assoupir. Mais… il faut être conscient que dans ces bus, le sommeil est impossible. Déjà d’une part, le (doux ?) bruit du moteur ensuite, rendu impossible par les sursauts que produit le klaxon. Au début, il sursaute, il se réveille, regarde autour de lui pour savoir si ce réveil mouvementé a éveillé quelques regards suspicieux. Rien. Alors il se remet en position et reste à l’affût du prochain passage tumultueux ou le klaxon retentira. Voilà ce qui rend le sommeil impossible.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Arcahaie, le bus s’arrête, il descend. Le temps de se rallumer un « Comme Il Faut » et surtout de se dégourdir les jambes. Il en a besoin, il ne les sent déjà plus… <o:p></o:p>

    Alors il remonte, toujours avec cette perpétuelle douleur au postérieur, s’assoit avec crainte en se disant que c’était la seule et unique pause du trajet. Il tente de s’assoupir à nouveau, mais rien n’y fait. Dans son « malheur » une dame, à la voix perçante, s’est levée et commence une longue promotion de ses produits de beauté ! Sa voix traverse tout le bus de long en large, tout en aspergeant celui-ci de ces parfums à la douce odeur d’eau de cologne… un moment qu’il n’est pas prêt à oublier… <o:p></o:p>

    Lorsque cette vente, version criée, se termine. C’est une autre dame qui prend le relais. Mais cette fois-ci pour raconter des blagues et des devinettes. Il se rappelle ainsi que les haïtiens sont fervents de ce type de divertissement. Ce balai de gueulante durera jusqu’à Gonaïves…<o:p></o:p>

    Alors il se met à contempler les paysages. De temps à autre, sa voisine lui parle, alors ils discutent. Plus par politesse que par envie.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Le chemin continu, les paysages se succèdent passant d’un désert de roche à la verdure. De la verdure à la mer. De la mer à la ville. Et nous voilà à saint-Marc. Une petite ville dans les mornes. Les vieilles maisons coloniales en bois, hautes de plafond, font penser à un décor de western. Les voitures en fin de vie ont remplacé les carrosses à chevaux et les haïtiens par les cow-boys. Mais cette ville mouvementé reste très agréable !<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Le bus sort de Saint-Marc. Il voit le ciel s’assombrir et la pluie commencé à tomber. Alors il se remet à penser, une fois de plus, à l’impact que peut avoir Gonaïves, même avec une petite pluie. Les conséquences peuvent être catastrophique pour cette ville qui a déjà du mal à se sortir de ces derniers événements. <o:p></o:p>

    Il écoute les gens, le bruit des discussions commence à se faire entendre. La crainte est dans les esprits. « Mais où va-t-on aller si Gonaïves est une fois de plus la proie de l’eau ? » Alors il constate l’effervescence, les discussions téléphoniques, les téléphones qui sonnent dans tous les sens. Et au milieu, il sourit e voir le chauffeur, concentré par la route. On a l’impression qu’il évite du regard chaque goutte de pluie.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    La route continue et malgré les conditions, la vitesse ne change pas. Il s’imagine alors un accident… En se disant que si cela se produisait, vu le nombre et la dispositions des passagers cela pourrait être un véritable carnage !<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Entre temps le paysage a laissé place aux champs de rizières d’un vert éclatant. Le fameux riz de l’Artibonite (qui est 2 fois plus cher que le riz américain… Allez comprendre…). Il pleut mais les travailleurs travaillent et les bœufs continuent de tirer leurs charrues.<o:p></o:p>

    Dieu est Grand passe la ville de l’Estère sans grande difficulté. Chose rare vue le nombre de tap-tap, de marchands et d’habitants qui surpeuplent continuellement le bord de la route.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Le bus arrive à bon port. Il n’a jamais autant aimer cette ville. Il n’en peut plus, il a soif, il a faim, il a mal aux pieds, aux jambes, aux fesses. Bref, rien ne va… Mais il est sorti de ce camion fou !<o:p></o:p>

    En sortant, il regarde partout, essai de se situer dans la ville. Les voyageurs se précipitent  à la recherche du meilleur endroit pour se soulager la vessie. Mais cela ne le surprend plus, c’est tout autour du bus qu’ils choisiront d’uriner… à l’haïtienne !!<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Une fois ses marques prises, il appelle un scout pour venir le chercher. « Prend moi une paire de botte ! » finit-il.<o:p></o:p>

    Et il attend. Toujours armé d’une Comme Il Faut, il contemple la vie qui l’entoure, les marchandes, les vendeurs de glace, les taxis moto, les passants. Tout le monde s’active. Ce n’est qu’un peu plus tard qu’il remarquera que chaque personne ralentit en regardant ce blanc, au milieu de tout ce capharnaüm, lorsqu’il passe devant lui. Les regards interloqués, il a l’habitude, ça ne lui fait plus rien.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Son camarade arrive avec dans son sac, un trésor. Indispensable pour Gonaïves ! A peine débarqué qu taxi moto qu’il a déjà enfilé ces montures en caoutchouc. Toujours sous l’œil ébahi des haïtiens, qui n’attendent qu’une chose, qu’il tombe en changeant de chaussure. Mais c’est avec brio qu’il accompli cette épreuve, avec toute la pression de ces regards.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Mais au faite, pourquoi est-il ici ??? Travaillant avec les scouts, ceux-ci ont décidé d’intervenir après le passage consécutif de 4 cyclones. La mission concernait l’assainissement et la réhabilitation des écoles. Peu de temps avant son arrivée, un appel téléphonique l’a mis dans tout ses états. Son bailleur n’était pas satisfait du travail des scouts. Depuis le début, il avait la lourde tâche de coordonner les activités de Port-au-Prince. D’être en relation avec les bailleurs, les partenaires, de gérer le budget et coordonner toutes les activités avec son acolyte, « Chef Nico », qui lui est constamment sur le terrain. <o:p></o:p>

    Mais l’heure est à l’évaluation, au constat. Dans le but de contredire les parolles de l’Ambassade de France. Sa mission était donc de visiter un maximum d’écoles.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Aujourd’hui, c’est Johnson, un scout, qui l’accompagnera dans sa tournée. Et le périple commence… Ils ont décidés de faire toutes les écoles de la zone. La 1ère étant toute proche, ils s’y rendent à pied sans grande difficulté. <o:p></o:p>

    Les visites sont brèves, seulement quelques minutes. Le temps de prendre des photos et de faire le point.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Mais il ne se doute absolument pas que les autres écoles se trouvent dans des lieux complètement reculés, inaccessible en voiture, des quartiers où le temps s’est arrêté, où le paysage n’est que désolation, où les habitants ont perdu l’envie de rire, l’envie de parler.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    La 2ème école se situe à Trou Sable. Ils ont du mal à trouver une moto qui veuille bien aller jusqu’à là-bas. « Nou pa Kapab, anpil labou !! » nous disent-ils !<o:p></o:p>

    Quelques minutes plus tard, ils trouvent 2 chauffeurs courageux. Une brève négociation et nous voilà partit.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    La route se passe bien, quelques passages difficiles tout de même où, à plusieurs reprises, il s’est vu les 4 fers en l’air, dans la boue.<o:p></o:p>

    Dans son malheur, il a plu à Gonaïves, ce qui fait qu’une pellicule de boue recouvre les peu de routes dégagées. Une boue fine et extrêmement glissante !<o:p></o:p>

    Plus ils s’enfoncent dans les ruelles, plus les situations deviennent périeuses. Jusqu’au refus des chauffeurs à aller plus loin. Le trajet se finira à pied avant une engueulade assez violente concernant le prix du trajet…<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Le décor est désolant. Ils passent tout d’abord un marché, mais hors du commun, celui-ci puisqu’il est dans une mare de boue. Les marchandes pieds nus, ont calé leurs étalages, comme elles pouvaient, au-dessus du niveau de l’eau.<o:p></o:p>

    Malgré tout cela, il est content de voir que la vie continue, comme si de rien était. Et pourtant… le désespoir est omniprésent.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Le parcours continue par des ascensions de monticules de boue et de nombreuses traversées de flaques gigantesques. Des petits sentiers sont tracés pour éviter l’eau, principale activité des Gonaïviens.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Il n’a pas le temps de regarder le décor, ses yeux sont rivés au sol, pour ne pas tomber. La concentration et l’équilibre sont ces préoccupations premières.<o:p></o:p>

    Plus le chemin avance, plus les bottes sont lourdes. Le trajet devient alors physique. Il commence déjà à être épuisé ! Mais son objectif dépasse la fatigue. <o:p></o:p>

    Trente minute plus tard, ils arrivent à cette école perdue. Il peut enfin lever les yeux. Mais avec ce qu’il voit, il préfère continuer à marcher pour ne pas observer cette situation. Au bout d’un instant, il remaque qu’ils marchent depuis tout à l’heure sur plus d’un mètre de boue, il pourrait presque touché les toits des maisons en levant sa main… Autour de lui, les murs sont tombés, les maisons sont abandonnées et les espaces sans bâtiments sont de vastes champs de boue avec tous les éléments que la tempêtes et les coulées de boue en emportés sur leurs passages : carcasses de voitures, matelas, chaises, vêtements, …<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Une brève visite avant de repartir pour ce parcours du combattant… Le levé à 4hr du matin, le trajet et cette marche commence à le fatiguer. Ils repassent par les mêmes endroits, croisent les mêmes personnes désespérés et toujours autant interloqués de voir un blanc dans leur situation.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    La marche continue, la fatigue s’accentue et la concentration est de plus en plus aiguë… Durant plus d’une heure, ils traversent des paysages chaotiques, sans vie. Tout est au ralenti, surtout dans les zones reculées où l’eau est omniprésente. Les habitants sont obligés de changer de rythme et de faire attention pour ne pas se mouiller plus.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    C’est l’école Asipha qui est ensuite visée. Le directeur les attend à un croisement. Le chemin continu, à 3 cette fois-ci. Mais il est de pire en pire. A certains endroits, les monticules de boue dépassent les marcheurs.<o:p></o:p>

    Arrivée dans un marché amphibie, il se retourne sur les cris d’un jeune.<o:p></o:p>

    -         Blanc, Blanc !!!! Li gen yon blan isit ! ou pa dwé vini isit !<o:p></o:p>

    -         Poukisa m pa dwé ?<o:p></o:p>

    -         Ou blan ???<o:p></o:p>

    -         Si ou mèm isit kounya la, poukisa pa mwen ?<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Et le jeune, s’en va en rigolant de sa réponse ! Tout comme lui.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    La fin du trajet est pire que tout le reste. Il n’avait jamais  vu ça auparavant. Ils marchent sur un monticule de 2 mètres où est dessiné un petit sentier. Le croisement entre passants est délicat. Sur les abords, il voit des maisons abandonnées, des habitants attendant, désespérés, devant ce qu’il reste de leurs habitations. Une vieille femme enlève la boue, accroupie, avec une machette. Des enfants qui ne courent plus, qui ne jouent plus, qui ne rient plus. Ils croisent toute une population au regard hagard. N’espérant plus rien, attendant le lendemain sans savoir de quoi il sera fait.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    La route continue et le désespoir s’accentue. Il est dépité. Il marche sans savoir, sans comprendre. La fatigue prend le dessus, il broie du noir, il ne se sent pas bien.<o:p></o:p>

    Il lui reste une école à visiter dans la zone. La 4ème de la matinée, en 4hr de temps… C’est une fois de plus, à pied, qu’ils feront le trajet.<o:p></o:p>

    En arrivant, l’école est à l’image de la ville, triste, morose, désolant… Malgré la peinture neuve fait par les scouts, l’absence d’élève rend l’endroit encore plus triste.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Pour retourner dans le Quartier Général des scouts, ils décident tout de même de prendre un taxi moto. Il est sale, des éclaboussures de boue sur le pantalon et sur la chemise. Et pour couronner le tout, une voiture, arrivant  à fière allure, lui éclabousse le visage… Il n’en peut plus. Son sac est lourd, la fatigue ne s’en va pas et le décor qui l’entoure joue sur son moral…<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    En arrivant dans la maison, il a faim… Il attend patiemment son repas sur la terrasse qui donne sur la rue. La maison se trouve à Raboteau, c’est le quartier sensible et pauvre de cette ville. <o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Au dessus de sa tête, le soleil n’est pas apparu et les nuages qui arrivent sont de plus en plus sombre… Il regarde les passants, armé d’une Comme Il Faut. Tout est ralenti. Les passants marchent dans l’eau d’un pas léger et lent pour ne pas s’éclabousser et risquer de mettre de l’eau dans leurs bottes. Quand ils ont la chance d’en avoir…<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Et, au bout d’un certain temps, il remarque que tous les passants ou les personnes assises passivement devant chez eux ou devant leur étalages, regardent le ciel inquiet. La peur est omniprésente. En voyant ces nuages, ils s’imaginent le pire, une nouvelle catastrophe…<o:p></o:p>

    Leurs regards sont vides, le visages livides. Il sent la crainte à l’intérieur de tous ces gens. Et se met à penser, à imaginer ce qu’ils ont pu vivre. Lui, il n’a vu que des photos. Eux, ils l’ont vécu… Il peut comprendre la gravité de la catastrophe mais ne peut pas savoir ce que ces rescapés ont vécu, ont vu… Les images qui passent dans sa tête sont affreuses.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Il se réconfortera devant une petite assiette d’un plat haïtien, avant de sombrer dans une sieste inconfortablement installé dans un canapé. C’est un bon moyen d’attendre Nico, avant qu’ils ne repartent faire les visites des écoles.<o:p></o:p>

    Ce moment tellement agréable durera 2hr… Nico dort toujours… Ils partiront sans lui, et en voiture cette fois-ci…<o:p></o:p>

    Il se sent mieux, prêt à ré affronter ce qu’il venait de vivre. Mais dans une voiture, rien est pareil. Il ne ressent pas les mêmes sensations, il se sent moins proche de la population, de la réalité.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Ils s’engagent sur la route des Dattes, la route principale de Gonaïves, avec des arrêts fréquents. Descendant, prend quelques photos, discute et repart, pour réitérer ceci un peu plus loin.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Quand il marche dans une flaque il a peur. Comme tous les habitants. Mais en faite, ce n’est pas la peur de se salir. Mais celle de tomber dans un trou. Ici, en Haïti, nombreux sont les plaques d’égouts où il n’y a plus de plaques… Avec des morceaux de métaux rouillés qui dépassent. Tomber dedans peut très mal virer…<o:p></o:p>

    <o:p></o:p>

    Le jour commence à se coucher. Il n’aura pas plu durant l’après midi. Les Gonaïviens doivent se sentir soulagés. Quoique… La peur est remis à plus tard. A quand la prochaine grande pluie ? la prochaine frayeur ? Ce soir ? cette nuit ? demain ?<o:p></o:p>

    Ils vivent constamment dans l’angoisse, dans l’attente d’une nouvelle catastrophe. A la moindre pluie, toutes les images des événements passés doivent remonter à la surface, et accroître la peur, la crainte…<o:p></o:p>

    On le dépose proche de la maison de ses mais volontaires qui habitent ici. Il finit le chemin à pied. Toujours ses bottes aux pieds, il manque de se perdre plusieurs fois…<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Arrivé chez eux, l’accueil est toujours aussi agréable. Il est content de les revoir. Ce p’tit couple de volontaire qui ont passé des moments difficiles dans cette ville.<o:p></o:p>

    Il discute, raconte sa fatigante journée et eux lui raconte l’avancement de leur projet. Qui n’avance pas d’ailleurs.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Si son sac était vraiment lourd, c’est aussi parce qu’il a ramener quelques courses de la capitale… Leur joie est immense en voyant ces présents !<o:p></o:p>

    Ils passent une excellente soirée, après être allé chercher quelques bières. Les discussions fusent, le temps passe rapidement. Ce n’est que vers 1hr du matin, que son taux d’alcoolémie lui recommande d’aller se coucher…<o:p></o:p>

    Le sommeil ne sera pas dur à trouver…<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Le lendemain matin, il doit repartir à Port au Prince. Pour ça, il avait 3 possibilités : celle de partir à 4hr du matin avec la voiture des scouts, celle de prendre un tap-tap ou celle de prendre un hélicoptère. La dernière solution l’intéresse vraiment. Il n’a jamais utilisé ce moyen de locomotion. Toute la journée il a cherché à avoir des contacts. Pour qu’on lui dise que rien n’était sur, du fait de la météo. Il devait rappeler tôt le matin. <o:p></o:p>

    Alors il a tenté sa chance, l’envie de survolé Haïti pour rejoindre la Capitale le motivait de plus en plus. <o:p></o:p>

    Ici, avec les ong et les nations unies, il est facile de pouvoir utiliser ce type de transport. A partir du moment ou l’on travail pour une ong. <o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Au réveil, il appellera son contact. Qui lui confirme qu’il y aura bien un vol, mais qu’il est déjà complet… Il est déçu, dégoûté… Mais il sait qu’un jour, il pourra le prendre ! <o:p></o:p>

    Il lui reste la 2ème solution, le tap-tap… Ce qui ne l’enchante pas vraiment.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Pendant le petit déjeuner, ses amis essayent de trouver quelqu’un qui repartirait sur Port-au-Prince. Mais après de nombreux appels, les résultats sont bien maigres.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Il se fait à l’idée de refaire 4hr de tap-tap. Ils le déposent à la « gare routière », de là où il est arrivé…<o:p></o:p>

    La fatigue n’est pas retombé et son mal de tête le fait regretter la quantité de bière avalé la veille. En arrivant, le tap-tap est complet. Ce qui couronne son triste état d’esprit… Cela veut dire qu’il va devoir attendre plus de 2hr qu’un autre tap-tap se remplisse avant de partir.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Il part acheter son ticket, d’un air morose. Et une personne l’interpelle en lui disant qu’il reste une place. La dernière place. Celle de celui qui n’a pas de chance… quoique.<o:p></o:p>

    Il me retrouve assis juste devant la porte à côté du chauffeur, sur un petit tabouret en bois partager avec une haïtienne. A l’avant du bus, nous sommes 4 assis et 3 debout, ce qui ne laisse pas beaucoup de marge de manœuvre. Mais il est tout de même content, il part tout de suite.<o:p></o:p>

    Au moment du départ, il essaie de se caler, de trouver une bonne position, son sac (aussi lourd qu’à l’aller. Il a acheter un blender à ses amis…) poser sur ces genoux.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Il se sent mal, la fatigue est là, la tête tourne, avant que des sensations de nausées viennent pourrir son voyage. Il essayera de dormir, son mp3 aux oreilles, mais n’y arrivera pas. Il se sent vraiment mal.<o:p></o:p>

    Au première arrêt, il manque de vomir. Il a soif, il n’y a pas d’eau. Il à chaud, mais aucun moyen de bénéficier d’un petit filet d’air. Alors il prend son mal en patience. Et attend. A travers la fenêtre, il essai de s’imaginer où il se trouve. Les arbres, le décor qu’il peut à peine apercevoir lui indique qu’il n’est pas encore arrivé. Pourtant il espère que le trajet sera rapide.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    En arrivant près de Port-au-Prince, le tap-tap s’arrête tous les 50 mètres, pour déposer les voyageurs. Vu sa situation dans ce bus, il est obligé de sortir à chaque fois. Son sac lui paraît de plus en plus lourd à chaque manœuvre. Il commence à avoir du mal à se tenir sur ses jambes. Mais qu’est ce qu’il lui arrive ???<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Arrivée à Cité Soleil. Il attend son taxi, qu’il a pris soin d’appeler longtemps à l’avance.<o:p></o:p>

    Mais celui-ci n’est pas là. Il n’arrive pas. Il n’a pas de carte dans son téléphone, et ne veux même pas sortir son porte-feuille pour en acheter. Surtout qu’il n’a pas de monnaie. LA situation est embarrassante. <o:p></o:p>

    Pas rassurer, il se met à marcher pour se mettre à l’entrée. Là où il y a plus de monde, et sûrement moins de risque d’avoir des ennuis. Mais il a peur, sa fatigue lui donne de mauvaise pensée. Il doute de tous ces gens. Que sont-ils capables de faire ? il est seul, blanc et sa tête montre qu’il est à bout. Ce serait tellement simple. Certains regards étranges lui fait monter la peur, il sent en lui la chaleur qui monte. Mais il se sent tellement faible, qu’il ne peut absolument rien entreprendre. Alors, il se met à discuter avec un haïtien, pour à la fois passer le temps, à la fois montrer qu’il est avec quelqu’un…<o:p></o:p>

    Son regard est toujours aussi méfiant. Il tourne la tête souvent. Il a peur, il  se sent petit, sans défense…<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Une heure après, voilà le fameux taxi rouge. Un sourire se dessine, la pression redescend. <o:p></o:p>

    Il monte et roule vers sa maison. Il ne parle pas, il est vraiment pas bien.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    En arrivant, il se couchera, après avoir pris un médicament. Son état durera 2 jours, et s’aggravera de jour en jour. Des maux de tête interminable et insupportable, des vertiges. Son corps passe du tremblement de froid à une chaleur extrême, constamment. Le 2ème jour, il se décidera, avec son amoureuse à aller à l’hôpital. Pour apprendre qu’il a un palu…<o:p></o:p>

    3 jours de traitement et une semaine pour s’en remettre, tellement la fièvre a été violente. Voilà ce qui lui a fallu pour reprendre tranquillement son travail…<o:p></o:p>

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    Mais qui est cette personne ???

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