• LES DONS

    Voici une liste des principaux dons matériels avec leur but, les inconvénients et les alternatives ainsi que les contacts utiles. Ces informations sont vraiment intéressantes et montre bien les dangers liés à ce type d’aide.

    Et ensuite, vous trouverez des renseignements sur l’ambiguïté du don, les maux du don, ou encore, comment donner autrement.

    source: cap humanitaire

    Livres scolaires : Permettre aux enfants d'apprendre dans de meilleures conditions.

    Inconvénients

    Alternatives, propositions

    - Les contenus que l'on trouve dans nos livres ne sont pas adaptés aux réalités locales (ceci vaut spécialement pour le primaire)

    - Concurrence déloyale aux initiatives des éditeurs africains

    - Acheter sur place ou auprès des grands éditeurs français les livres adaptés aux programmes

    - Envoyer des spécimens français uniquement pour les enseignants afin de leur permettre d'avoir de la matière pour préparer leurs cours

    Contacts, références :

    - Les collections internationales d'Hachette et Hatier (collection Le Flamboyant)

    -  Il existe des collections locales à privilégier

     

    Livres de bibliothèque : Rendre accessible la culture… (mais quelle culture ?)

    Inconvénients

    Alternatives, propositions

    - Les livres issus de collectes en France ne sont pour la plupart pas adaptés aux besoins locaux

    - Les encyclopédies, dictionnaires et documentaires sont bien souvent obsolètes

    - Les ouvrages d'auteurs locaux ne sont pas représentés

    - Donner au partenaire l'offre éditoriale disponible

    - Respecter la Charte du don de livres

    - N'envoyer que ce qui a un contenu "universel" et - de 5 ans

    - Acheter sur place quand c'est possible

    Contacts, références :

    - La joie par les Livres, organisme rattaché au Ministère de la Culture, édite une revue annuelle Takam Tikou (édition jeunesse africaine et arabe)  www.lajoieparleslivres.com

    - L'association Culture et Développement édite de nombreux outils : la Charte du don de livres, le guide des échanges culturels France-Afrique, le guide de coopération avec les bibliothèques d'Afrique www.culture-developpement.asso.fr

    - L'association Afrilivresregroupe plus de 48 éditeurs du africains, possibilité de commander en ligne : www.afrilivres.com

    - ADIFLORcollecte auprès des maisons d'édition, des écoles, des bibliothèques et des municipalités, des livres neufs de langue française pour des projets de coopération internationale : www.adiflor.org

     

    Fournitures scolaires : Donner les outils nécessaires à l'apprentissage

    Inconvénients

    Alternatives, propositions

    - Les bénéficiaires resteront à jamais dépendants de vos envois

    - Une aide ponctuelle ne changera pas leur quotidien à long terme et condamne les populations dans une situation de dépendance

    - Concurrence au marché local

    - Reproduction des inégalités lorsque certains enfants reçoivent et d'autres non

    - Donner les moyens aux populations de faire face aux frais de scolarité de leurs enfants en favorisant la création d'activités génératrices de revenus

    -    Acheter sur place

    Contacts, références :

    - Voir les exemples de micro-projets à dominante économique et les expériences de micro-crédits dans le dossier spécial de la revue Aventure (N°90 -décembre 2000) éditée lors du Forum d'Agen par La Guilde Européenne du Raid : www.la-guilde.org

    - Et aussi sur le site de Planet Finance : www.planetfinance.org

    - Se renseigner par pays sur les possibilités d'achat sur place des petites fournitures (dans la Capitale).

     

    Mobilier scolaire : Equiper les écoles afin d'améliorer les conditions d'apprentissage

    Inconvénients

    Alternatives, propositions

    - Matériel volumineux, donc très cher à l'envoi (même s'il est obtenu gratuitement)

    - Concurrence au marché local

    - Commander le mobilier sur place à un artisan afin de favoriser l'économie locale

    Contacts, références :Demander un devis aux entreprises et artisans locaux (comparer avec le prix d'un transport pour du matériel de "seconde-main")

     

    Les vêtements : Assister matériellement des populations démunies

    Inconvénients

    Alternatives, propositions

    - La distribution impose des critères d'attribution : qui est le plus pauvre ?

    - Inégalité entre ceux qui seront servis et les autres

    - Les vêtements collectés sont rarement en bon état, un tri s'impose qui ne laisse que peu de choses "attribuables"

    - Aide ponctuelle qui ne changera pas le quotidien à long terme et qui condamne à une situation de dépendance et de non-choix

    - Donner les vêtements en très bon état et lavés à des structures "fermées": orphelinats, centres d'accueil pour enfants des rues…

    - Donner les moyens aux populations de se prendre en charge elles-mêmes en favorisant la création d'activités génératrices de revenus

    Contacts, références :  Idem que pour les fournitures scolaires, ex : un groupement de femmes qui rembourserait l'acquisition de machines à coudre et la mise en place d'un atelier en confectionnant des uniformes pour les écoliers à chaque rentrée…

     

    Matériel médical : Donner les moyens techniques aux soignants pour travailler dans de meilleures conditions

    Inconvénients

    Alternatives, propositions

    - Le principe de subsidiarité dans la pyramide des soins (en Afrique) n'est pas toujours respecté : chaque "étage" a des compétences bien déterminées

    et ne peut accueillir tout type de matériel

    - Pièces de rechanges et maintenance sont lourdes à gérer

    - La formation du personnel (ainsi que les coûts) ne sont pas ou peu pris en compte

    - Les notices d'utilisation sont souvent absentes

    - Faire réviser le matériel avant envoi par des spécialistes

    - Travailler avec la personne responsable de la zone de santé et non avec un seul dispensaire ou centre de santé pour une meilleure répartition du matériel

    - Dispenser des formations aux utilisateurs

    - S'assurer que les produits consommés avec le matériel sont disponibles sur place (gel pour échographie…)

    Contacts, références :L'association Humatemest une banque de matériel médical qui se charge de faire le lien entre l'offre des établissements hospitaliers et la demande des associations, le matériel est révisé par des techniciens. Contact : Humatem - 21, rue de l'Eglise 74310 Les Houches - www.humatem.org

     

    Les médicaments : Accès aux soins des populations les plus pauvres

    Inconvénients

    Alternatives, propositions

    - Les médicaments récoltés en France sont des spécialités (marques), les médecins apprennent leur métier avec des génériques

    - La gestion des dates de péremption est quasi-impossible

    - On ne sait pas dans quelles conditions les produits ont été stockés chez les particuliers (chaleur, humidité, exposition au soleil…)

    - Ces actions mettent à mal le système de santé mis en place par les autorités du pays : centrale d'achat en médicaments génériques, politique de recouvrement des coûts pour l'autonomie des centres

    - Les bénéficiaires restent dépendants de vos envois

    - Risque de revente sur les marchés parallèles

    - Ne pas faire ce type de projet si l'on est pas de formation médicale

    - Se renseigner sur la politique de santé dans le pays où l'on souhaite intervenir

    - Se rapprocher du médecin-chef de la zone concernée

    - Etudier avec lui les besoins des différentes unités de soins

    - Travailler avec lui à la mise en place d'une politique concertée de recouvrement des coûts pour permettre l'autonomie

    - Former les personnels à la gestion

    - Acheter sur place les médicaments génériques ou dans une centrale d'achat en France (coûts beaucoup moins élevés)

    Contacts, références :

    - Contacter l'Ambassade du pays concerné pour connaître la politique de santé.

    - L'association ReMed(Réseau Médicaments et Développement) travaille sur la question de l'accès aux soins des populations les plus pauvres. Sur leur site, vous trouverez le guide : "Dons de médicaments, des principes pour une action efficace" ainsi que la liste et les coordonnées des principales centrales d'achat en médicaments génériques dans les pays d'Afrique francophone.www.remed.org

    - La C.H.M.P. (Centrale Humanitaire Médico-Pharmaceutique) est une centrale d'achat de médicaments génériques et consommables destinés à l'aide humanitaire. www.chmp.org

    - L'association Tulipecollecte et trie des MNU (Médicaments Non-Utilisés) destinés à alimenter un premier fond de produits pharmaceutiques qui, revendus, permettront une gestion autonome de la structure de santé. www.tulipe.org

     

    Les consommables : Accès aux soins des populations les plus pauvres

    Inconvénients

    Alternatives, propositions

    - Autant d'inconvénients que pour les médicaments mais moins "dangereux"

    - Les bénéficiaires restent toutefois dépendants de vos envois

    - S'assurer que les compresses et autres consommables sont toujours stériles

    - On trouve des consommables dans les centrales d'achat

    Contacts, références :Idem que pour les médicaments.

     

     

    DANS LES PROJETSDE SOLIDARITE INTERNATIONALE

    Pratiques et Enjeux

    L’association Cap Humanitaire a été créée en 1999 pour venir en aide aux acteurs non-professionnels de la solidarité internationale dans le montage de leurs projets, depuis sa conception, la recherche de financements, le montage de dossier, la recherche de matériel, le stockage, le conditionnement et l’envoi des matériels utiles au projet.

    Depuis 5 ans, la réflexion de l’équipe de Cap Humanitaire a évolué au fil des projets suivis et des marchandises qui sont passées dans l’entrepôt. C’est une collaboration étroite qui lie aujourd’hui l’accompagnatrice de projet au coordinateur logistique : tout projet doit impérativement avoir été vu (et retravaillé, le cas échéant) en accompagnement de projet avant de bénéficier d’un appui concernant le transport.

    Nous sensibilisons les gens qui viennent nous voir aux principes de la solidarité internationale et du développement durable en les faisant s’interroger sur leurs pratiques et leur rapport à leur partenaire sur place. Trop souvent, les réflexes caritatifs sont les premiers qui viennent à l’esprit, ce qui débouche inévitablement sur de l’envoi de matériel de façon anarchique et sans projet cohérent.

    Notre activité nous a amenés à nous pencher sur la problématique du don en tant que telle, que signifie l’acte de donner ? quel rapport cela engendre-t-il avec les bénéficiaires ?

     Les ambiguïtés du don

    De nombreux sociologues se sont penchés sur le don, cette forme d’interaction sociale qui matérialise des liens entre individus appartenant ou non au même groupe. Don/contre-don, Marcel Mauss a été un des premiers à étudier et théoriser cette pratique ; c’est également lui qui a mis en évidence le cercle du don : la dette et l’obligation de rendre. Or, dans les projets de solidarité internationale, on ne veut surtout rien demander en échange aux bénéficiaires. « Ici, il y a trop, là-bas ils n’ont rien » : ce simple constat occulte de fait tout le jeu social qui entoure les échanges, y compris en France, quand on est amené soit à rendre service à quelqu’un ou encore à prêter de l’argent à un ami (« non, ce n’est rien », « ça me fait plaisir », « prends-le je t’assure, tu me rends service »).

    Sommes-nous aussi vigilants et tentons-nous d’atténuer ce sentiment de dette (ou obligation morale) chez nos partenaires lorsqu’on est amené à donner ? – et ce, quel que soit la matérialisation du don (ordinateurs, livres, etc.).

     

    Les maux du don

    -          Concurrence au marché local

    On le comprendra aisément, en Afrique ou ailleurs, il existe des auteurs, éditeurs, libraires, fabricants de cahiers, de crayons, vendeurs… tout ce que les associations envoient à longueur d’année (même à petite échelle) freine considérablement les possibilités de développement du marché local.

     

    -          Dépendance

    De plus, les envois de matériels consommables (cahiers, médicaments, crayons) ne sont que des aides ponctuelles et irrégulières qui ne changeront pas le devenir des gens à long terme. Ces pratiques ne font que renforcer la dépendance des populations des PED vis-à-vis de l’aide internationale.

     

    -          Inadaptation

    Les marchandises envoyées ne sont que très rarement adaptées aux utilisations et besoins locaux.

     

    -          Problème de recyclage des déchets

    Ce problème est surtout vrai pour les produits pharmaceutiques périmés et tout ce qui est matériel informatique et électroménager. Le matériel réformé est « généreusement » donné par de grandes entreprises qui se débarrassent ainsi à moindre frais de matériel dont le coût de recyclage en Europe est très élevé et strictement réglementé.

     

    -          Encouragement et renforcement de la corruption

    Ces flux de matériels et la façon dont ils sont attribués à telle ou telle structure (dispensaire, école) sans réelle implication préalable de la population bénéficiaire entraîne inévitablement la déresponsabilisation et la mauvaise gestion. Ainsi, les médecins qui reçoivent régulièrement depuis plusieurs années leur colis de médicaments sont tentés d’en revendre une partie pour leur compte ; l’ordinateur donné à une école est récupéré par le directeur de l’établissement, etc.

     

    -          Perte d’identité culturelle

    L’arrivée en masse de biens de consommations occidentaux renforce les représentations qui peuvent circuler sur l’El Dorado européen et les pays riches. Tout ce qui vient du Nord est mieux que ce que l’on trouve au Sud : désintérêt des jeunes pour leur pays et leur culture, renforcement du complexe d’infériorité.

     

    Les chartes, codes, labels

    Il existe des réglementations, recommandations  et chartes en fonction des types de don. Il est impératif de s’informer sur la législation et le fonctionnement du pays dans le domaine dans lequel on se propose d’intervenir.

     

    Donner autrement

    -          du don au partenariat

    Cesser le cliché du Blanc qui arrive au village avec des cartons remplis de fournitures scolaires. Le plus important est de tisser une véritable relation par des échanges scolaires, culturels…

     

    -          des alternatives existent

    L’achat sur place est une des meilleures alternatives mais le plus respectueux est de travailler en direct avec les populations concernées afin de les aider à amorcer un processus de développement économique (aide au montage d’une coopérative, mise en place d’un système de mutuelle-santé, micro-crédit…) afin qu’elles-mêmes puissent subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille.

     

    Changer de comportement

    -          savoir s’informer et se préparer à la rencontre

    Nous sommes tous égaux, c’est vrai, mais les grands principes humanistes qui guident nos actions ne doivent pas nous faire oublier le lourd passif qui nous lie au continent noir. L’image du Blanc tout puissant reste plus que jamais d’actualité et les rapports s’en trouvent automatiquement altérés. D’où l’importance de se préparer à la rencontre afin d’apprivoiser, ensemble, nos vieux démons néo-colonialistes.

     

    -          s’adapter au contexte local

    Le transfert de technologie n’est pas toujours la solution et c’est pourtant celle qui nous vient automatiquement à l’esprit. Il nous appartient de travailler de part et d’autre à la recherche de solutions adaptées au contexte local. Celles-ci peuvent s’inspirer, par exemple, de la technologie du Nord et des savoirs-faire et de la connaissance de l’environnement au Sud.

    D’autant plus que l’on reconnaît au Nord un problème de mal développement (dégâts environnementaux, coût social…).

     

    -          appliquer les principes d’un développement durable

    Le développement durable, qu’est-ce que c’est ?Il s’agit de trouver un juste équilibre entre développement économique, bien-être social et protection de l’environnement.

    Prenons l’exemple du don de cahiers à une école : non seulement il porte préjudice au marché local (c/développement économique) mais impose aux personnes un statut d’assistés passifs (c/ bien-être social).

    Une vision plus globale des choses permettrait de mieux envisager l’aspect multidimensionnel de nos actions et de leur impact localement.

    -          trop ici, rien là-bas ? repenser sa consommation

     « Penser global, agir local ». Les associations qui montent des projets de solidarité internationale sont-elles exemptes pour autant d’une vigilance quotidienne dans leur environnement proche ? (tri des déchets, économie d’énergie, respect de filières alimentaires courtes et soucieuses de l’environnement…).


    A TELECHARGER

    Du don au partenariat

    Note technique sur les dons

    Dons et conséquences fiscales

    Le don dans les projets de S.I.

     


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