• 11/2008 - Gonaïves, une ville de désolation...

    GONAÏVES, UNE VILLE DE DESOLATION…<o:p></o:p>

    <o:p>     Novembre 2008
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    Le mardi soir, c’est dur… il se dit qu’il doit partir très tôt le lendemain. Il se dit qu’il ne verra pas son amoureuse avant demain. Première nuit passée loin l’un de l’autre depuis qu’ils sont sur ces terres.<o:p></o:p>

    Et puis il stresse, du trajet en tap-tap, de ce qui l’attend là-bas. Plusieurs fois il s’est déjà rendu aux Gonaïves. Avant et après les cyclones. Mais pour lui, ça lui paraît étrange cette fois-ci.<o:p></o:p>

    Il est tard, les heures passent et une multitude de choses lui passe par la tête… avant de s’endormir…<o:p></o:p>

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    Le matin, il est 4h et son réveil sonne. Dehors, il fait encore nuit. Le simple fait de sortir du lit l’agace, le fatigue davantage. Mais il est obligé. Son travail l’oblige.<o:p></o:p>

    Alors il déjeune. Comme à son habitude, dans sa cuisine entourée d’arbres. Seul le bruit de l’eau qui coule dans la ravine et le chant de quelques oiseaux vient fendre ce silence matinal.<o:p></o:p>

    La préparation est longue tant la fatigue est présente. Mais il y arrive. Avant de partir, il vivra le bonheur de voir son amoureuse qui s’est levé pour lui dire au revoir. Il est heureux et ferme la porte avec le sourire qu’elle mérite.<o:p></o:p>

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    Devant la maison, comme prévu, on l’attend. Ernest, sa casquette sur la tête et son taxi – en fin de vie – rouge. Pas besoin de parler. A part un simple « bonjour » de politesse. Il sait où nous allons.<o:p></o:p>

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    Sur la route, le jour se lève doucement et Port-au-Prince se réveille précipitamment. Il est 5h30. Il adore ce moment. Moment qu’il a vécu de nombreuses fois. Peut-être parce que c’est l’unique moment où cette ville est calme. On ne sait pas, on ne le saura jamais pourquoi il aime cet instant. Ce qui est sûr, c’est qu’il contemple cette ville, ces habitants sont aussi réveillés que lui. Les marchandes avec leurs paniers en osier sur la tête se dirigeant d’un pas énergique vers leur endroit habituel, où elles passeront leur journée. Les hommes d’affaires qui, d’un pas décidé, continuent à suivre les informations sur leur petit transistor. Les écoliers qui commencent à partir à l’école vêtus de leur uniforme proprement repassé. Et les vagabonds qui sont toujours là, le matin, la journée, la nuit, à errer sans aucun but et dans une nonchalance déroutante.<o:p></o:p>

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    Ils arrivent à Cité Soleil, un bidonville où la sécurité n’existe pas. Mais c’est ici que se trouve la Gare du Nord. Il fait déjà jour et le marché improvisé à cette station bat déjà son plein, certaines marchandes finissent tranquillement de préparer leurs étalages dans une excellente ambiance.<o:p></o:p>

    Ernest s’arrête. Il paye puis se dirige vers un tap-tap pour Gonaïves. Mais il ne veut pas monter tout de suite à bord. Il sait que l’attente peut être longue, très longue. Alors il reste devant et s’allume une « Comme Il Faut – à bout filtrant ». Il fume calmement en contemplant la vie frénétique qui l’entoure. En suivant des gens du regards, en fixant des vendeurs comme pour analyser leur façon d’être, leur façon de faire. Ça l’amuse. Il se surprend parfois lui-même à avoir le sourire devant une scène de la vie de tous les jours qui pourrait paraître banale. Mais pas pour lui.<o:p></o:p>

    Alors il continue à fumer, en se disant comme souvent, que ces cigarettes sont vraiment dégueulasses. Mais il la terminera comme les autres…<o:p></o:p>

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    A peine engagé dans le tap-tap qu’une dame lui « ordonne » d’une façon tout à fait gentil, de s’asseoir à ces côtés. Chose qu’il fait sans hésiter. Il est même plutôt satisfait. Les places ne sont tellement pas évidentes à avoir. Et quand bien même on en trouve une, il faut entamer un long parcours du combattant pour atteindre son objectif, sous les yeux des haïtiens qui n’attendent qu’une chose : qu’il se passe quelque chose.<o:p></o:p>

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    Alors il s’assoit en remerciant cette dame avec un sourire qui exprime une grande satisfaction. Celle d’avoir la meilleure place. Juste devant, de quoi étaler ses jambes. Il est content, le trajet commence bien.<o:p></o:p>

    L’attente ne sera pas longue. 30 minutes. Temps durant lequel une quantité impressionnante se succèderont à l’avant du bus pour vendre leurs trésors. Il y en a pour tous les goûts : ceintures, cartes de rechange, biscuits, médicaments, pains, …<o:p></o:p>

    Sans oublier les vendeurs les plus déterminés qui, à l’extérieur, debout sur leur caddie ou autres, tendent les bras dans le bus en criant à tue-tête le panel de leur fond de commerce. En général ceux qui font ça vendent de la boisson fraîche. Et puis, il y a toujours LE vendeur magique. Celui qui, pendant de nombreuses minutes, crie pour vanter les bienfaits de ces crèmes et de ces médicaments. A l’écouter une crème peut absolument tout soigner. Des dents à l’estomac en passant tout de même par des contusions. Il dirait n’importe quoi pourvu qu’il vende un tube !<o:p></o:p>

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    Il attend patiemment dans ce vacarme qui ne le dérange pas. Au contraire, ça lui paraît presque agréable et ces brèves apparitions des vendeurs le font sourire. Et le long silence de certains, les bras en l’air présentant leur maigre marchandise, le fait compatir.<o:p></o:p>

    Le chauffeur entre, un haïtien d’une taille impressionnante vêtu d’un tee shirt kaki et d’un bandana d’ou sort une tête au regard furieux, à faire frissonner de peur. Les marchands, en le voyant, quitte le bus sans un mot, en se faisant petit. Le bus démarre, commence quelques manœuvres avant de s’élancer à grande vitesse sur la route nationale 1.<o:p></o:p>

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    Il est dans un de ces longs bus de ramassage scolaire américain. Joliment décoré de bleu et de blanc. Chaque bus porte un nom. Celui-ci se nomme « Dieu est Grand ». A l’intérieur plus grand chose ne fonctionne. On peut tout de même lire les consignes (en anglais) pour les écoliers. Le simple fait de comparer cet écriteau avec la réalité que vit actuellement ce bus, le fait bien rire !<o:p></o:p>

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    Il plonge dans ses pensées, en regardant les paysages qui défilent. Il pense au moment présent, à sa mission dans cette ville détruite, à ce trajet qui ne fait que commencer. Quelques coups d’œil sur les côtés lui montre l’oisiveté des gens. Alors il pense à ce peuple, à leur capacité à accumuler les pires choses de la vie, les pires conditions, tout en restant extrêmement passif.<o:p></o:p>

    L’entassement dans le bus est impressionnant et il est étonné de voir le regard de ces passagers, vide, sans espoir, à une fois de plus endurer un long trajet dans ces conditions.<o:p></o:p>

    C’est sûrement le surpeuplement du bus qui porte au silence. De supporter cette épreuve sans dire un mot, sans se plaindre. Il y a 3 personnes sur des bancs de 2, ainsi que des passagers debout dans le couloir. La chaleur est forte. Il est 6h30 et le soleil nous montre déjà sa force.<o:p></o:p>

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    Il est heureux car il est près de la fenêtre et peut aisément profiter d’un filet d’air de temps à autre. Mais il est moins heureux car sa place, qu’il pensait idyllique, s’avère être un enfer. Il ne savait pas que l’on pouvait mettre autant de personne à l’avant d’un bus : ils sont 4 assis et 4 debout. Ce qui rend impossible n’importe quel mouvement de jambe vers l’avant. Il est donc prêt à ne plus sentir ses jambes, engourdies, à un moment du trajet. Mais il ne se doutait pas que cet instant viendrait aussi rapidement.<o:p></o:p>

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    « Dieu est Grand » montre sa forme, nous sommes déjà à Cabaret. Une petite ville proche de la capitale mais plus encore de la mer. Autour de cette impressionnante ligne droite dans les arbres que nous franchissons à toute allure, ce n’est que vie. Des marchés, des étales, des groupes de jeunes qui attendent que la journée se termine, des enfants qui jouent, des vélos zigzagant sur le bas côté, des tap-tap qui s’arrêtent pour repartir aussitôt, des petits maisons de tôles qui servent de bars où la musique qui en sort est encore plus forte que le bruit du moteur. C’est pour dire !<o:p></o:p>

    Mais, ces gros bus sont dotés d’un klaxon à toute épreuve. Une simple pression ferait sursauter n’importe qui, n’importe quoi. Et dans ces passages où les dangers peuvent venir de partout, le klaxon y est actionné tout le long.<o:p></o:p>

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    La route continue et ses pensées s’accentuent. Il part loin, très loin avant de s’assoupir. Mais… il faut être conscient que dans ces bus, le sommeil est impossible. Déjà d’une part, le (doux ?) bruit du moteur ensuite, rendu impossible par les sursauts que produit le klaxon. Au début, il sursaute, il se réveille, regarde autour de lui pour savoir si ce réveil mouvementé a éveillé quelques regards suspicieux. Rien. Alors il se remet en position et reste à l’affût du prochain passage tumultueux ou le klaxon retentira. Voilà ce qui rend le sommeil impossible.<o:p></o:p>

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    Arcahaie, le bus s’arrête, il descend. Le temps de se rallumer un « Comme Il Faut » et surtout de se dégourdir les jambes. Il en a besoin, il ne les sent déjà plus… <o:p></o:p>

    Alors il remonte, toujours avec cette perpétuelle douleur au postérieur, s’assoit avec crainte en se disant que c’était la seule et unique pause du trajet. Il tente de s’assoupir à nouveau, mais rien n’y fait. Dans son « malheur » une dame, à la voix perçante, s’est levée et commence une longue promotion de ses produits de beauté ! Sa voix traverse tout le bus de long en large, tout en aspergeant celui-ci de ces parfums à la douce odeur d’eau de cologne… un moment qu’il n’est pas prêt à oublier… <o:p></o:p>

    Lorsque cette vente, version criée, se termine. C’est une autre dame qui prend le relais. Mais cette fois-ci pour raconter des blagues et des devinettes. Il se rappelle ainsi que les haïtiens sont fervents de ce type de divertissement. Ce balai de gueulante durera jusqu’à Gonaïves…<o:p></o:p>

    Alors il se met à contempler les paysages. De temps à autre, sa voisine lui parle, alors ils discutent. Plus par politesse que par envie.<o:p></o:p>

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    Le chemin continu, les paysages se succèdent passant d’un désert de roche à la verdure. De la verdure à la mer. De la mer à la ville. Et nous voilà à saint-Marc. Une petite ville dans les mornes. Les vieilles maisons coloniales en bois, hautes de plafond, font penser à un décor de western. Les voitures en fin de vie ont remplacé les carrosses à chevaux et les haïtiens par les cow-boys. Mais cette ville mouvementé reste très agréable !<o:p></o:p>

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    Le bus sort de Saint-Marc. Il voit le ciel s’assombrir et la pluie commencé à tomber. Alors il se remet à penser, une fois de plus, à l’impact que peut avoir Gonaïves, même avec une petite pluie. Les conséquences peuvent être catastrophique pour cette ville qui a déjà du mal à se sortir de ces derniers événements. <o:p></o:p>

    Il écoute les gens, le bruit des discussions commence à se faire entendre. La crainte est dans les esprits. « Mais où va-t-on aller si Gonaïves est une fois de plus la proie de l’eau ? » Alors il constate l’effervescence, les discussions téléphoniques, les téléphones qui sonnent dans tous les sens. Et au milieu, il sourit e voir le chauffeur, concentré par la route. On a l’impression qu’il évite du regard chaque goutte de pluie.<o:p></o:p>

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    La route continue et malgré les conditions, la vitesse ne change pas. Il s’imagine alors un accident… En se disant que si cela se produisait, vu le nombre et la dispositions des passagers cela pourrait être un véritable carnage !<o:p></o:p>

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    Entre temps le paysage a laissé place aux champs de rizières d’un vert éclatant. Le fameux riz de l’Artibonite (qui est 2 fois plus cher que le riz américain… Allez comprendre…). Il pleut mais les travailleurs travaillent et les bœufs continuent de tirer leurs charrues.<o:p></o:p>

    Dieu est Grand passe la ville de l’Estère sans grande difficulté. Chose rare vue le nombre de tap-tap, de marchands et d’habitants qui surpeuplent continuellement le bord de la route.<o:p></o:p>

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    Le bus arrive à bon port. Il n’a jamais autant aimer cette ville. Il n’en peut plus, il a soif, il a faim, il a mal aux pieds, aux jambes, aux fesses. Bref, rien ne va… Mais il est sorti de ce camion fou !<o:p></o:p>

    En sortant, il regarde partout, essai de se situer dans la ville. Les voyageurs se précipitent  à la recherche du meilleur endroit pour se soulager la vessie. Mais cela ne le surprend plus, c’est tout autour du bus qu’ils choisiront d’uriner… à l’haïtienne !!<o:p></o:p>

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    Une fois ses marques prises, il appelle un scout pour venir le chercher. « Prend moi une paire de botte ! » finit-il.<o:p></o:p>

    Et il attend. Toujours armé d’une Comme Il Faut, il contemple la vie qui l’entoure, les marchandes, les vendeurs de glace, les taxis moto, les passants. Tout le monde s’active. Ce n’est qu’un peu plus tard qu’il remarquera que chaque personne ralentit en regardant ce blanc, au milieu de tout ce capharnaüm, lorsqu’il passe devant lui. Les regards interloqués, il a l’habitude, ça ne lui fait plus rien.<o:p></o:p>

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    Son camarade arrive avec dans son sac, un trésor. Indispensable pour Gonaïves ! A peine débarqué qu taxi moto qu’il a déjà enfilé ces montures en caoutchouc. Toujours sous l’œil ébahi des haïtiens, qui n’attendent qu’une chose, qu’il tombe en changeant de chaussure. Mais c’est avec brio qu’il accompli cette épreuve, avec toute la pression de ces regards.<o:p></o:p>

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    Mais au faite, pourquoi est-il ici ??? Travaillant avec les scouts, ceux-ci ont décidé d’intervenir après le passage consécutif de 4 cyclones. La mission concernait l’assainissement et la réhabilitation des écoles. Peu de temps avant son arrivée, un appel téléphonique l’a mis dans tout ses états. Son bailleur n’était pas satisfait du travail des scouts. Depuis le début, il avait la lourde tâche de coordonner les activités de Port-au-Prince. D’être en relation avec les bailleurs, les partenaires, de gérer le budget et coordonner toutes les activités avec son acolyte, « Chef Nico », qui lui est constamment sur le terrain. <o:p></o:p>

    Mais l’heure est à l’évaluation, au constat. Dans le but de contredire les parolles de l’Ambassade de France. Sa mission était donc de visiter un maximum d’écoles.<o:p></o:p>

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    Aujourd’hui, c’est Johnson, un scout, qui l’accompagnera dans sa tournée. Et le périple commence… Ils ont décidés de faire toutes les écoles de la zone. La 1ère étant toute proche, ils s’y rendent à pied sans grande difficulté. <o:p></o:p>

    Les visites sont brèves, seulement quelques minutes. Le temps de prendre des photos et de faire le point.<o:p></o:p>

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    Mais il ne se doute absolument pas que les autres écoles se trouvent dans des lieux complètement reculés, inaccessible en voiture, des quartiers où le temps s’est arrêté, où le paysage n’est que désolation, où les habitants ont perdu l’envie de rire, l’envie de parler.<o:p></o:p>

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    La 2ème école se situe à Trou Sable. Ils ont du mal à trouver une moto qui veuille bien aller jusqu’à là-bas. « Nou pa Kapab, anpil labou !! » nous disent-ils !<o:p></o:p>

    Quelques minutes plus tard, ils trouvent 2 chauffeurs courageux. Une brève négociation et nous voilà partit.<o:p></o:p>

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    La route se passe bien, quelques passages difficiles tout de même où, à plusieurs reprises, il s’est vu les 4 fers en l’air, dans la boue.<o:p></o:p>

    Dans son malheur, il a plu à Gonaïves, ce qui fait qu’une pellicule de boue recouvre les peu de routes dégagées. Une boue fine et extrêmement glissante !<o:p></o:p>

    Plus ils s’enfoncent dans les ruelles, plus les situations deviennent périeuses. Jusqu’au refus des chauffeurs à aller plus loin. Le trajet se finira à pied avant une engueulade assez violente concernant le prix du trajet…<o:p></o:p>

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    Le décor est désolant. Ils passent tout d’abord un marché, mais hors du commun, celui-ci puisqu’il est dans une mare de boue. Les marchandes pieds nus, ont calé leurs étalages, comme elles pouvaient, au-dessus du niveau de l’eau.<o:p></o:p>

    Malgré tout cela, il est content de voir que la vie continue, comme si de rien était. Et pourtant… le désespoir est omniprésent.<o:p></o:p>

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    Le parcours continue par des ascensions de monticules de boue et de nombreuses traversées de flaques gigantesques. Des petits sentiers sont tracés pour éviter l’eau, principale activité des Gonaïviens.<o:p></o:p>

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    Il n’a pas le temps de regarder le décor, ses yeux sont rivés au sol, pour ne pas tomber. La concentration et l’équilibre sont ces préoccupations premières.<o:p></o:p>

    Plus le chemin avance, plus les bottes sont lourdes. Le trajet devient alors physique. Il commence déjà à être épuisé ! Mais son objectif dépasse la fatigue. <o:p></o:p>

    Trente minute plus tard, ils arrivent à cette école perdue. Il peut enfin lever les yeux. Mais avec ce qu’il voit, il préfère continuer à marcher pour ne pas observer cette situation. Au bout d’un instant, il remaque qu’ils marchent depuis tout à l’heure sur plus d’un mètre de boue, il pourrait presque touché les toits des maisons en levant sa main… Autour de lui, les murs sont tombés, les maisons sont abandonnées et les espaces sans bâtiments sont de vastes champs de boue avec tous les éléments que la tempêtes et les coulées de boue en emportés sur leurs passages : carcasses de voitures, matelas, chaises, vêtements, …<o:p></o:p>

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    Une brève visite avant de repartir pour ce parcours du combattant… Le levé à 4hr du matin, le trajet et cette marche commence à le fatiguer. Ils repassent par les mêmes endroits, croisent les mêmes personnes désespérés et toujours autant interloqués de voir un blanc dans leur situation.<o:p></o:p>

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    La marche continue, la fatigue s’accentue et la concentration est de plus en plus aiguë… Durant plus d’une heure, ils traversent des paysages chaotiques, sans vie. Tout est au ralenti, surtout dans les zones reculées où l’eau est omniprésente. Les habitants sont obligés de changer de rythme et de faire attention pour ne pas se mouiller plus.<o:p></o:p>

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    C’est l’école Asipha qui est ensuite visée. Le directeur les attend à un croisement. Le chemin continu, à 3 cette fois-ci. Mais il est de pire en pire. A certains endroits, les monticules de boue dépassent les marcheurs.<o:p></o:p>

    Arrivée dans un marché amphibie, il se retourne sur les cris d’un jeune.<o:p></o:p>

    -         Blanc, Blanc !!!! Li gen yon blan isit ! ou pa dwé vini isit !<o:p></o:p>

    -         Poukisa m pa dwé ?<o:p></o:p>

    -         Ou blan ???<o:p></o:p>

    -         Si ou mèm isit kounya la, poukisa pa mwen ?<o:p></o:p>

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    Et le jeune, s’en va en rigolant de sa réponse ! Tout comme lui.<o:p></o:p>

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    La fin du trajet est pire que tout le reste. Il n’avait jamais  vu ça auparavant. Ils marchent sur un monticule de 2 mètres où est dessiné un petit sentier. Le croisement entre passants est délicat. Sur les abords, il voit des maisons abandonnées, des habitants attendant, désespérés, devant ce qu’il reste de leurs habitations. Une vieille femme enlève la boue, accroupie, avec une machette. Des enfants qui ne courent plus, qui ne jouent plus, qui ne rient plus. Ils croisent toute une population au regard hagard. N’espérant plus rien, attendant le lendemain sans savoir de quoi il sera fait.<o:p></o:p>

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    La route continue et le désespoir s’accentue. Il est dépité. Il marche sans savoir, sans comprendre. La fatigue prend le dessus, il broie du noir, il ne se sent pas bien.<o:p></o:p>

    Il lui reste une école à visiter dans la zone. La 4ème de la matinée, en 4hr de temps… C’est une fois de plus, à pied, qu’ils feront le trajet.<o:p></o:p>

    En arrivant, l’école est à l’image de la ville, triste, morose, désolant… Malgré la peinture neuve fait par les scouts, l’absence d’élève rend l’endroit encore plus triste.<o:p></o:p>

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    Pour retourner dans le Quartier Général des scouts, ils décident tout de même de prendre un taxi moto. Il est sale, des éclaboussures de boue sur le pantalon et sur la chemise. Et pour couronner le tout, une voiture, arrivant  à fière allure, lui éclabousse le visage… Il n’en peut plus. Son sac est lourd, la fatigue ne s’en va pas et le décor qui l’entoure joue sur son moral…<o:p></o:p>

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    En arrivant dans la maison, il a faim… Il attend patiemment son repas sur la terrasse qui donne sur la rue. La maison se trouve à Raboteau, c’est le quartier sensible et pauvre de cette ville. <o:p></o:p>

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    Au dessus de sa tête, le soleil n’est pas apparu et les nuages qui arrivent sont de plus en plus sombre… Il regarde les passants, armé d’une Comme Il Faut. Tout est ralenti. Les passants marchent dans l’eau d’un pas léger et lent pour ne pas s’éclabousser et risquer de mettre de l’eau dans leurs bottes. Quand ils ont la chance d’en avoir…<o:p></o:p>

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    Et, au bout d’un certain temps, il remarque que tous les passants ou les personnes assises passivement devant chez eux ou devant leur étalages, regardent le ciel inquiet. La peur est omniprésente. En voyant ces nuages, ils s’imaginent le pire, une nouvelle catastrophe…<o:p></o:p>

    Leurs regards sont vides, le visages livides. Il sent la crainte à l’intérieur de tous ces gens. Et se met à penser, à imaginer ce qu’ils ont pu vivre. Lui, il n’a vu que des photos. Eux, ils l’ont vécu… Il peut comprendre la gravité de la catastrophe mais ne peut pas savoir ce que ces rescapés ont vécu, ont vu… Les images qui passent dans sa tête sont affreuses.<o:p></o:p>

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    Il se réconfortera devant une petite assiette d’un plat haïtien, avant de sombrer dans une sieste inconfortablement installé dans un canapé. C’est un bon moyen d’attendre Nico, avant qu’ils ne repartent faire les visites des écoles.<o:p></o:p>

    Ce moment tellement agréable durera 2hr… Nico dort toujours… Ils partiront sans lui, et en voiture cette fois-ci…<o:p></o:p>

    Il se sent mieux, prêt à ré affronter ce qu’il venait de vivre. Mais dans une voiture, rien est pareil. Il ne ressent pas les mêmes sensations, il se sent moins proche de la population, de la réalité.<o:p></o:p>

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    Ils s’engagent sur la route des Dattes, la route principale de Gonaïves, avec des arrêts fréquents. Descendant, prend quelques photos, discute et repart, pour réitérer ceci un peu plus loin.<o:p></o:p>

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    Quand il marche dans une flaque il a peur. Comme tous les habitants. Mais en faite, ce n’est pas la peur de se salir. Mais celle de tomber dans un trou. Ici, en Haïti, nombreux sont les plaques d’égouts où il n’y a plus de plaques… Avec des morceaux de métaux rouillés qui dépassent. Tomber dedans peut très mal virer…<o:p></o:p>

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    Le jour commence à se coucher. Il n’aura pas plu durant l’après midi. Les Gonaïviens doivent se sentir soulagés. Quoique… La peur est remis à plus tard. A quand la prochaine grande pluie ? la prochaine frayeur ? Ce soir ? cette nuit ? demain ?<o:p></o:p>

    Ils vivent constamment dans l’angoisse, dans l’attente d’une nouvelle catastrophe. A la moindre pluie, toutes les images des événements passés doivent remonter à la surface, et accroître la peur, la crainte…<o:p></o:p>

    On le dépose proche de la maison de ses mais volontaires qui habitent ici. Il finit le chemin à pied. Toujours ses bottes aux pieds, il manque de se perdre plusieurs fois…<o:p></o:p>

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    Arrivé chez eux, l’accueil est toujours aussi agréable. Il est content de les revoir. Ce p’tit couple de volontaire qui ont passé des moments difficiles dans cette ville.<o:p></o:p>

    Il discute, raconte sa fatigante journée et eux lui raconte l’avancement de leur projet. Qui n’avance pas d’ailleurs.<o:p></o:p>

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    Si son sac était vraiment lourd, c’est aussi parce qu’il a ramener quelques courses de la capitale… Leur joie est immense en voyant ces présents !<o:p></o:p>

    Ils passent une excellente soirée, après être allé chercher quelques bières. Les discussions fusent, le temps passe rapidement. Ce n’est que vers 1hr du matin, que son taux d’alcoolémie lui recommande d’aller se coucher…<o:p></o:p>

    Le sommeil ne sera pas dur à trouver…<o:p></o:p>

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    Le lendemain matin, il doit repartir à Port au Prince. Pour ça, il avait 3 possibilités : celle de partir à 4hr du matin avec la voiture des scouts, celle de prendre un tap-tap ou celle de prendre un hélicoptère. La dernière solution l’intéresse vraiment. Il n’a jamais utilisé ce moyen de locomotion. Toute la journée il a cherché à avoir des contacts. Pour qu’on lui dise que rien n’était sur, du fait de la météo. Il devait rappeler tôt le matin. <o:p></o:p>

    Alors il a tenté sa chance, l’envie de survolé Haïti pour rejoindre la Capitale le motivait de plus en plus. <o:p></o:p>

    Ici, avec les ong et les nations unies, il est facile de pouvoir utiliser ce type de transport. A partir du moment ou l’on travail pour une ong. <o:p></o:p>

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    Au réveil, il appellera son contact. Qui lui confirme qu’il y aura bien un vol, mais qu’il est déjà complet… Il est déçu, dégoûté… Mais il sait qu’un jour, il pourra le prendre ! <o:p></o:p>

    Il lui reste la 2ème solution, le tap-tap… Ce qui ne l’enchante pas vraiment.<o:p></o:p>

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    Pendant le petit déjeuner, ses amis essayent de trouver quelqu’un qui repartirait sur Port-au-Prince. Mais après de nombreux appels, les résultats sont bien maigres.<o:p></o:p>

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    Il se fait à l’idée de refaire 4hr de tap-tap. Ils le déposent à la « gare routière », de là où il est arrivé…<o:p></o:p>

    La fatigue n’est pas retombé et son mal de tête le fait regretter la quantité de bière avalé la veille. En arrivant, le tap-tap est complet. Ce qui couronne son triste état d’esprit… Cela veut dire qu’il va devoir attendre plus de 2hr qu’un autre tap-tap se remplisse avant de partir.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Il part acheter son ticket, d’un air morose. Et une personne l’interpelle en lui disant qu’il reste une place. La dernière place. Celle de celui qui n’a pas de chance… quoique.<o:p></o:p>

    Il me retrouve assis juste devant la porte à côté du chauffeur, sur un petit tabouret en bois partager avec une haïtienne. A l’avant du bus, nous sommes 4 assis et 3 debout, ce qui ne laisse pas beaucoup de marge de manœuvre. Mais il est tout de même content, il part tout de suite.<o:p></o:p>

    Au moment du départ, il essaie de se caler, de trouver une bonne position, son sac (aussi lourd qu’à l’aller. Il a acheter un blender à ses amis…) poser sur ces genoux.<o:p></o:p>

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    Il se sent mal, la fatigue est là, la tête tourne, avant que des sensations de nausées viennent pourrir son voyage. Il essayera de dormir, son mp3 aux oreilles, mais n’y arrivera pas. Il se sent vraiment mal.<o:p></o:p>

    Au première arrêt, il manque de vomir. Il a soif, il n’y a pas d’eau. Il à chaud, mais aucun moyen de bénéficier d’un petit filet d’air. Alors il prend son mal en patience. Et attend. A travers la fenêtre, il essai de s’imaginer où il se trouve. Les arbres, le décor qu’il peut à peine apercevoir lui indique qu’il n’est pas encore arrivé. Pourtant il espère que le trajet sera rapide.<o:p></o:p>

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    En arrivant près de Port-au-Prince, le tap-tap s’arrête tous les 50 mètres, pour déposer les voyageurs. Vu sa situation dans ce bus, il est obligé de sortir à chaque fois. Son sac lui paraît de plus en plus lourd à chaque manœuvre. Il commence à avoir du mal à se tenir sur ses jambes. Mais qu’est ce qu’il lui arrive ???<o:p></o:p>

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    Arrivée à Cité Soleil. Il attend son taxi, qu’il a pris soin d’appeler longtemps à l’avance.<o:p></o:p>

    Mais celui-ci n’est pas là. Il n’arrive pas. Il n’a pas de carte dans son téléphone, et ne veux même pas sortir son porte-feuille pour en acheter. Surtout qu’il n’a pas de monnaie. LA situation est embarrassante. <o:p></o:p>

    Pas rassurer, il se met à marcher pour se mettre à l’entrée. Là où il y a plus de monde, et sûrement moins de risque d’avoir des ennuis. Mais il a peur, sa fatigue lui donne de mauvaise pensée. Il doute de tous ces gens. Que sont-ils capables de faire ? il est seul, blanc et sa tête montre qu’il est à bout. Ce serait tellement simple. Certains regards étranges lui fait monter la peur, il sent en lui la chaleur qui monte. Mais il se sent tellement faible, qu’il ne peut absolument rien entreprendre. Alors, il se met à discuter avec un haïtien, pour à la fois passer le temps, à la fois montrer qu’il est avec quelqu’un…<o:p></o:p>

    Son regard est toujours aussi méfiant. Il tourne la tête souvent. Il a peur, il  se sent petit, sans défense…<o:p></o:p>

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    Une heure après, voilà le fameux taxi rouge. Un sourire se dessine, la pression redescend. <o:p></o:p>

    Il monte et roule vers sa maison. Il ne parle pas, il est vraiment pas bien.<o:p></o:p>

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    En arrivant, il se couchera, après avoir pris un médicament. Son état durera 2 jours, et s’aggravera de jour en jour. Des maux de tête interminable et insupportable, des vertiges. Son corps passe du tremblement de froid à une chaleur extrême, constamment. Le 2ème jour, il se décidera, avec son amoureuse à aller à l’hôpital. Pour apprendre qu’il a un palu…<o:p></o:p>

    3 jours de traitement et une semaine pour s’en remettre, tellement la fièvre a été violente. Voilà ce qui lui a fallu pour reprendre tranquillement son travail…<o:p></o:p>

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    Mais qui est cette personne ???

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