• Par Action Contre la Faim. Résumé...

    Introduction

    On ne s’improvise pas humanitaire

    Avoir un grand cœur et une forte motivation est un préalable indispensable pour s’engager dans l’action humanitaire. Pour autant, cela ne suffit pas à être pertinent dans la mise en œuvre de programmes humanitaires dans des contextes de crises de plus en plus complexes.

    Quelles analyses des besoins ? Quels critères d’interventions ? Quelle adaptation des moyens sur le terrain ? Quelles évaluations des actions menées ? Quelles capitalisations de l’expérience ? Quelles ressources humaines pour mettre en œuvre l’action humanitaire ?

     

    Equilibre entre motivation et compétences

    Une forte motivation

    Au vu des contextes d’intervention souvent difficiles, la motivation est une condition préalable à tout engagement.

    Les chargés de recrutement multiplient donc les entretiens, croisent un faisceau d’indices recueillis au fil des grilles d’évaluation.

     

    Telle motivation peut être née très tôt et dans ce cas les candidats ont suivi une formation ad hoc ; c’est le cas des médecins, infirmières, ingénieurs en agronomie tropicale ou autres diplômé(e)s en coopération et développement.

    Mais la porte n’est pas fermée à des profils différents, selon les compétences acquises. Ainsi celui ou celle qui s’est déjà investi dans une activité associative, qu’elle soit liée au caritatif ou au culturel, a également ses chances. Un atout essentiel lorsque l’on veut apporter son aide et ses savoirs- faire à des populations soumises au chaos.

    La vocation humanitaire se révèle parfois tardivement. Le désir d’aider peut se manifester en plein exercice d’une vie professionnelle dans le secteur privé. La quête de sens se fait alors impérieuse pour quelques personnes qui réalisent que leurs valeurs essentielles ne sont pas en adéquation avec leur activité quotidienne.

     

    Une certitude : on ne vient jamais à l’humanitaire par hasard.

    Reste à se défier des erreurs de « casting » : racistes, colonialistes plus ou moins avoués, candidats fuyant leur situation actuelle n’iront pas « régler » leurs problèmes auprès des damnés de la terre. Méfiance, aussi, envers ceux qui proposent un volontariat totalement gratuit. Pas question non plus de confier des responsabilités à quelqu’un qui considère ce type de mission comme un travail ordinaire.

     

    Les compétences professionnelles

    Un niveau cadre, une formation adaptée, une expérience professionnelle de deux ans minimum, la maîtrise de l’anglais :tels sont les critères généralement requis pour toutvolontaire ou salarié.

    Toutefois, les profils plus atypiques ont leur chance s’ils font apparaître des compétences techniques spécifiques.

     

    A cela, il convient d’ajouter une autre condition : l’adéquation entre les savoirs-faire et les besoins d’Action contre la Faim. Ingénieurs ou techniciens supérieurs doivent aussi, pour œuvrer sur le terrain, avoir une forte capacité de résistance au stress et une bonne dose de maturité, même si la moyenne d’âge des 295 volontaires d’Action contre la Faim n’est que de 31 ans. Les employés locaux d’Action contre la Faim France sont plus de 3400 à avoir été recrutés à travers la vingtaine de pays où l’association intervient. Avoir déjà travaillé est donc essentiel avant de se retrouver chef de projet et d’encadrer -voire de former- des employés locaux ou d’autres expatriés.

     

    Il s’agit d’infirmières, nutritionnistes, médecins, sagefemmes, ingénieurs agronomes, hydrauliciens, socio-économistes, logisticiens, psychologues, spécialistes des ressources humaines ou gestionnaires. Avant leur départ sur le terrain, une formation est dispensée par l’association : rappeldesvaleurs communes fondamentales, préparation à un nouvel environnement, valorisationdes potentiels, maîtrise du management de projets et d’équipes, capitalisation desexpériences ou études de nouvelles procédures d’intervention. Tout au long de leurengagement, des formations leur sont proposées : au total, 48 semaines sont consacrées à laformation.

     

    Le savoir être, une question de capacité d’adaptation

    Témoins actifs, au quotidien, des ravages de la guerre et de ses cohortes d’atrocités, les expatriés de l’association subissent un stress intense, parfois même des traumatismes psychologiques. Bien que doublé d’un solide professionnalisme, l’engagement total des personnels humanitaires ne les protège pas pour autant de toute blessure psychologique.

     

    Pour agir sur les causes du stress, un dispositif complet est mis en œuvre, via la formation, la prévention médicale, le rythme de travail durant les missions, les temps de récupération entre chacune d’entre elles ainsi qu’un suivi régulier et de qualité.

     

    Les chefs de mission sont préparés à la gestion de crise, tandis qu’à chaque retour en France, les expatriés bénéficient d’un entretien individuel, en toute confidentialité, avec une personne de l’ONG connaissant le terrain. En cas d’ « incident critique » (toute situation où un expatrié est confronté directement à la mort, une prise d’otage ou une agression) des « débriefeurs » sont immédiatement dépêchés sur place. Enfin, l’association est en contact avec un réseau de psychiatres et de psychologues spécialisés en victimologie.

     

     

    Et après ?

    Si l’action humanitaire n’a rien de confortable, le retour à un parcours professionnel « classique » n’est pas non plus de tout repos.

    Sans droit d’accès aux ASSEDIC pour les contrats de volontaire, le candidat au « retour » doit valoriser son expérience de terrain auprès d’employeurs qui, pour certains, doutent de leur adaptabilité au secteur privé. Si des opérations de sensibilisation auprès des entreprises sont menées, des problèmes subsistent.

    Pourtant, sur le terrain, l’expatrié aura élargi sa palette de compétences, géré une équipe d’au moins 10 employés locaux et des budgets conséquents, fait preuve de résistance à un stress intense dans des conditions difficiles. Ces plus-values sont encore trop peu reconnuessur le marché de l’emploi où l’on s’attache encore à l’image du boy-scoutaventurier…

     

    Les responsables d’ONG notent une constante : les expatriés qui avaient une bonne « employabilité » avant leur engagement, conserveront cet atout lorsqu’ils se proposeront à nouveau sur le marché de l’emploi. Mais à une condition : que leur mission humanitaire ait été de courte durée. Dans le cas contraire, il peut être plus difficile de retrouver un emploi dans le secteur privé sans une remise en question.

     

     

    Du siège au terrain, un même combat

    La faim est une arme qui tue une personne toutes les 4 secondes. Action contre la Faim se doit de combattre ce fléau. Pour ce faire, il est indispensable d’orienter et d’adapter nos moyens pour être le plus efficace et le plus rapide possible.

    D’où une coordination nécessaire entre les sièges (Paris, Londres, Madrid, New-York et Montréal) et les équipes dépêchées sur le terrain.

    Le siège est au service des missions sur le terrain. D’une certaine manière c’est le QG depuis lequel les moyens humains et matériels sont planifiés, organisés et gérés.

     

    Ainsi, tout est orchestré le plus rationnellement possible afin que le travail des hommes et femmes de terrain soit à la mesure de la situation.

     

    En cas d’urgence, les opérations sont menées du siège selon trois phases :

    1. Tout d’abord, une équipe réduite et très expérimentée est constituée. Elle mènera une première « mission exploratoire » d’une durée de 3 à 6 semaines dans la zone où l’on craint l’imminence d’une crise humanitaire.

    2. Dans le même temps, le siège commence à identifier une deuxième équipe, en général une quinzaine de personnes, expérimentées pour une part, nouvelles recrues pour le reste.

    Si la « mission exploratoire » confirme les besoins humanitaires, la nouvelle équipe part sur le terrain afin d’ouvrir les premiers programmes. En fonction des besoins, une montée en puissance du dispositif (nutritionnistes, puis spécialistes de la sécurité alimentaire, logisticiens, financiers, personnels d’encadrement) est opérée.

    3. Une troisième équipe est constituée, définitive celle-là. Ainsi, 8 à 12 semaines après l’alerte, le groupe de volontaires est « stabilisé » et gère au quotidien les programmes sur le terrain.

     

     

    Les compétences professionnelles

    Autrefois vécu comme une promotion, l’accès à un poste au siège parisien était pourtant « moins payé » qu’une activité de « terrain ». Mais développement des ONG oblige, la nécessité de faire appel à des personnels sans cesse plus qualifiés s’est fait ressentir.

    Conséquence : une politique salariale raisonnablement revue à la hausse de façon à trouver le juste équilibre entre les contraintes du monde moderne et les missions que s’est assignée l’association.

     


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